Jeudi dernier, Douglas et Karen Kitt ont réussi à redémarrer leur projet d'énergie solaire, qui était suspendu depuis deux mois. Le couple de San Francisco a dépensé 90 000$ pour doter leur triplex victorien de trois grands panneaux solaires qui leur fournira toute l'électricité nécessaire. Mais au moment de procéder au branchement, en septembre, leurs voisins d'en arrière ont réclamé et obtenu l'arrêt des travaux.

Leur motif: les panneaux solaires gâchent la vue magnifique qu'ils ont de San Francisco. Heureusement, la loi californienne sur l'énergie solaire interdit aux municipalités de refuser les projets résidentiels d'énergie solaire, sauf pour des raisons de santé et de sécurité. Quand le comité d'appel du service des permis s'est réuni, jeudi soir, il a approuvé à l'unanimité les panneaux solaires du couple Kitt. Leurs voisins avaient in extremis tenté de plaider que les panneaux pourraient tomber en cas de tremblement de terre ou de forts vents, mais un ingénieur de la Ville a témoigné que ça n'était jamais arrivé même si des panneaux solaires sont installés sur des édifices depuis plus de 20 ans. Les Kitt ont tenté de négocier avec leurs voisins. Mais abaisser l'angle des panneaux nécessiterait de les élargir puisqu'ils deviendraient alors moins efficace, ce qui occasionnerait des coûts que les voisins ne voulaient pas assumer. Le côté le plus élevé des panneaux, qui font dix mètres de large, est à moins de deux mètres au-dessus du toit. Les voisins sont persuadés que les panneaux solaires diminuent la valeur de leur maison, mais la loi californienne protège les Kitt.

N'empêche, ce cas constitue un nouveau sommet dans le phénomène « pas dans ma cour «, qui limite les projets d'énergies renouvelables parce que ces derniers nécessitent souvent une grande superficie puisque chaque panneau solaire et chaque éolienne produit individuellement peu d'électricité.

Un autre cas célèbre de projet d'énergie renouvelable considéré comme de la pollution visuelle, la ferme d'éoliennes qui seraient construite entre Cape Cod et Nantucket, a connu un rebondissement à la fin octobre. Les riches riverains ont échoué à toutes leurs tentatives de faire avorter le projet, appuyé par les principales organisations environnementales. Mais le combat, qui dure depuis plus de cinq ans, continue: deux tribus autochtones viennent de déposer une poursuite contre le projet de Cape Wind, parce que le détroit est une «terre ancestrale» ayant une importance spirituelle qui serait compromise.

La poursuite pourrait fort bien être couronnée de succès. L'an dernier, l'armée américaine a abandonné la construction d'un entrepôt en Oklahoma après qu'une tribu autochtone eût déposé une poursuite affirmant qu'il déparerait quatre collines ayant une importance spirituelle ancestrale.

Le conflit entre environnement et spiritualité est d'autant plus intéressant qu'il survient peu après la décision d'un tribunal du travail britannique d'autoriser les plaintes pour congédiement abusif liées aux croyances environnementales. La loi britannique a été amendée voilà deux ans pour élargir la notion de croyance religieuse aux convictions philosophiques, rapporte le Guardian. Un cadre d'un groupe immobilier écossais a réussi à convaincre un juge du travail que son congédiement était lié à ses convictions environnementalistes. Ce cadre protestait contre l'achat de véhicules d'entreprise qu'il jugeait trop énergivores et voulait imposer la vidéoconférence au lieu des rencontres en personne.

Après s'être demandé si les croyances religieuses peuvent avoir préséance sur l'égalité des sexes, devrons-nous faire le même exercice avec les convictions environnementalistes?

Photo fournie par Douglas Kitt

Karen et Douglas Kitt devant les panneaux solaires installés sur le toit de leur triplex, à San Francisco.

26%

C'est le taux de fonte du glacier du mont Kilimandjaro, en Tanzanie, depuis 2000. Le glacier a perdu plus de 85% de sa superficie depuis 1912. Les géologues de l'Université du Massachussetts qui ont fait les mesures n'ont toutefois pu lier hors de tout doute cette fonte accélérée aux émissions humaines de gaz à effet de serre. Elle serait plutôt due à la baisse de l'humidité dans l'atmosphère, un processus encore mal connu.

 

 

 

Photo: AP

Le Kilimanjaro au Kenya.

Dumping environnemental

«Nous devrions envisager des frais de douanes.» Le projet de loi sur les émissions de gaz à effet de serre qui est présentement envisagé par le Sénat américain envisage d'ériger des barrières aux marchandises produites dans les pays qui ne font pas leur part dans la lutte à l'effet de serre -en d'autres mots, les pays en voie de développement qui exportent des marchandises vers les pays riches. Cette lutte au « dumping environnemental» pourrait compliquer les négociations de Copenhague, selon The Economist.

La pollution visuelle devrait-elle être prise en compte dans les projets d'énergie éolienne ou solaire? Faites-nous part de vos commentaire.