Le premier ministre canadien Stephen Harper a indiqué samedi lors de conférence de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC) qu'il était extrêmement important qu'un accord global sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre soit équitable pour toutes les économies.

Toutefois, le plaidoyer de M. Harper au sujet de la parité dans la réduction des émissions de carbone a été miné par un expert des changements climatiques, qui a indiqué que le piètre bilan du Canada en matière de réduction des émissions lui a coûté sa crédibilité.

La Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (APEC)est un organisme dédié aux échanges commerciaux et aux investissements dans la région du Pacifique.

Une fois de plus, la politique environnementale semble avoir détourné les discussions de l'APEC, en révélant les grandes contradictions et les dilemmes diplomatiques au sujet des changements climatiques.

Dimanche, les participants à ce Forum devaient prendre part à une réunion prévue par le premier ministre australien Kevin Rudd afin de discuter de changements climatiques. Leurs discussions devaient surtout porter sur l'imminente conférence des Nations Unies au Danemark le mois prochain sur la question des émissions de gaz à effet de serre après 2012.

Selon l'ébauche de la déclaration finale, qui a fait l'objet de fuites, le seul consensus qui aurait été atteint se limiterait au plus petit dénominateur commun.

Une autre ébauche, faite précédemment, proposait de s'engager sur une réduction de 50 pour cent d'ici 2050 par rapport à 1990.

Dans la déclaration finale, toutefois, les leaders ne se seraient entendus que sur le fait que les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites «de façon substantielle d'ici 2050.»

Tout en reconnaissant qu» il y a des différences significatives parmi les membres de l'APEC sur la manière de lutter contre les changements climatiques, M. Harper a déclaré que tous les dirigeants reconnaissaient que cette question devait être abordée.

Les pays émergents, comme la Chine et l'Indonésie, toutes deux présentes au sommet de l'APEC, contribuent déjà pour près de la moitié des émissions mondiales, a déclaré M. Harper. Il a aussi fait valoir que cette proportion passerait à deux tiers dans l'avenir.

Selon lui, si ces pays ne contrôlent pas leurs émissions, les efforts des pays développés n'auront pas d'impact sur les changements climatiques.

Les autres arguments de M. Harper en faveur d'une participation mondiale et complète sont purement économiques. Il a entre autres fait valoir que si la contribution des pays était inégale face à la lutte contre les changements climatiques, les risques économiques pour les autres devenaient énormes.

Selon le professeur Tim Flannery du Copenhagen Climate Council, un groupe scientifique qui s'adresse aux entreprises, les Canadiens ont pris des engagements et doivent les honorer d'une manière ou d'une autre.

Il ajoute que le Canada est de loin le pays qui respecte le moins ses engagements sur la base du tonnage par rapport aux accords de Kyoto. Il en résulte donc, selon lui, un manque de confiance à son égard.

M. Flannery croit que le pays devra intervenir afin de réduire la quantité de carbone émis entre autres par le secteur des sables bitumineux, surtout si l'idée d'imposer des tarifs douaniers aux pays pollueurs continue de faire son chemin.

Il a reconnu que les résultats désastreux du Canada ne sont pas tous à mettre à la charge du gouvernement Harper, mais il a affirmé que la crédibilité du pays était en jeu.