Les politiques environnementales du Canada, maintes fois annoncées ces dernières années, attendront encore. Ottawa ne fera rien tant qu'il ne sera pas fixé sur les intentions des États-Unis et sur celles de la communauté internationale.

Lors d'une conférence téléphonique depuis Copenhague, mardi matin, le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, a réitéré qu'il serait plus «prudent» de patienter avant d'imposer une nouvelle réglementation à l'industrie, afin de l'obliger à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.

«Il est dans notre intérêt comme Canadiens de savoir à quoi ressemblera le cadre de travail international (framework), a-t-il dit indiqué. Le cadre de travail continental doit être cohérent avec celui-ci, tout comme nos politiques nationales.»

Malgré les appels répétés des écologistes et des partis d'opposition, qui estiment qu'Ottawa cherche encore des excuses pour reporter à plus tard la nécessaire législation, le ministre Prentice persiste et signe.

Le différend entre les pays riches et les pays émergents comme la Chine et l'Inde est tel qu'il laisse planer le doute sur la suite des choses, avance-t-il. Y aura-t-il entente à Copenhague? Le cas contraire, un protocole succédant à Kyoto trouvera-t-il les faveurs des négociateurs en 2010? À quoi ressemblera-t-il?

«Dans le contexte actuel, il est bien difficile pour les pays prenant part aux négociations de finaliser leur plan national, a précisé M. Prentice. En Amérique du Nord, cela est encore plus complexe, étant donné l'incertitude qui plane sur les intentions du sénat américain, part rapport à un éventuel système de plafonnement et d'échange de droits d'émission.»

Foutaise, rétorquent ses opposants, qui voient là une abdication de souveraineté. Ils font valoir que la plupart des États ont déjà mis de l'avant de solides mesures nationales pour lutter contre les changements climatiques.

«Inutile d'attendre plus longtemps, il faut agir aujourd'hui, a indiqué John Bennett, directeur du Sierra Club du Canada. Le gouvernement a eu 20 ans pour s'attaquer aux changements climatiques. Le ministre Prentice sait ce qu'il doit faire, il n'a tout simplement pas encore la permission des bonzes pétroliers de Calgary.»

Présent à Copenhague pour une rencontre préparatoire à la grand-messe de l'ONU, qui débutera le 7 décembre, Jim Prentice s'est dit «d'un optimisme prudent» face à l'issue de la conférence.

Il soutient qu'un premier texte, sorte de brouillon d'un éventuel traité international post-2012, devrait circuler d'ici le début de l'événement, mais ne croit pas qu'une entente formelle sera conclue sur celui-ci avant l'année prochaine.