La Conférence de l'ONU sur le climat s'ouvre aujourd'hui, à Copenhague. Grand-messe internationale sur l'état de la planète, ce sommet est plus important que la plupart de ceux qui l'ont précédé. Il réunira des représentants et des dirigeants de 200 pays, qui tenteront d'élaborer un nouveau traité pour remplacer Kyoto. Mais avant de se demander à quoi ressemblerait un tel traité, posons-nous la question: pourquoi, au juste, tenir un tel sommet? Tour d'horizon en 20 réponses.

Ça chauffe!

Malgré de rares dissidences, les scientifiques ont atteint un consensus autour de l'hypothèse du réchauffement de la planète. Non seulement les données indiquent-elles une hausse des températures de 0,74°C depuis un siècle, mais cette tendance semble s'accélérer: 10 des années les plus chaudes dans le monde depuis 1980 ont été enregistrées depuis 13 ans.

L'homme montré du doigt...

Les 500 scientifiques ayant contribué au plus récent rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) sont arrivés à la conclusion que la quasi-totalité de la hausse de température observée dans la seconde moitié du XX e siècle est «très probablement» (probabilité supérieure à 90%) imputable à l'action humaine, c'est-à-dire aux émissions de gaz à effet de serre que nous produisons quotidiennement.

2, 3 ou 4 degrés?

Le plus récent rapport du GIEC conclut que la température moyenne de la Terre pourrait augmenter de 2 à 4°C d'ici à la fin du siècle, la meilleure estimation étant de 3°C. Or au-delà de 2°C, les conséquences des changements climatiques pourraient être soudaines et irréversibles, selon les scientifiques.

Trop concentré

La concentration de gaz carbonique dans l'atmosphère dépasserait actuellement les 385 parties par million, un taux qui excède «largement» celui des 650 000 dernières années, selon le GIEC. Augmentant de 2 ou 3% par année depuis une décennie, cette concentration doit absolument être stabilisée à 450 parties par million si l'on souhaite éviter des changements climatiques dangereux.

Kyoto est un échec...

Le protocole de Kyoto enjoint aux pays industrialisés de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 5,2% par rapport à leur niveau de 1990, et ce, pour la période 2008-2012. Or à ce jour, c'est plutôt l'inverse qui s'est produit! Les émissions des pays ayant signé Kyoto ont crû de 11,2% entre 1990 et 2007 (si l'on excepte les pays du bloc de l'Est, victimes de la désindustrialisation).

...Kyoto est une réussite

Malgré la hausse des gaz à effet de serre, on peut applaudir Kyoto pour plusieurs raisons, à commencer par son effet pédagogique. Si vous lisez ces lignes, c'est qu'il y aura une conférence internationale, qu'il y a eu Kyoto, que nous avons collectivement discuté du sujet. Kyoto a aussi permis à la technologie de se développer et à la connaissance scientifique de circuler.

L'effet domino

Le Grand Nord, au Québec comme ailleurs, se réchauffe deux fois plus vite que le reste de la planète: la hausse du dernier siècle a atteint 1,5°C, comparativement à 0,74°C. Cela en raison de l'albédo terrestre, c'est-à-dire la réflexion de la lumière par la glace. L'Arctique est ainsi victime d'un effet domino: moins de glace, moins d'effet réfléchissant, plus d'accumulation de chaleur et ainsi de suite.

La fin du hockey extérieur

Si rien n'est fait pour réduire l'emballement du climat, le Canada connaîtra une augmentation de la gravité et de la fréquence des inondations, des tornades et des sécheresses, une migration vers le nord du saumon du Pacifique, une prolifération des insectes dans les forêts, estime la Fondation canadienne pour les sciences de l'atmosphère (FCSA) qui prédit même la fin du ski alpin, du sirop d'érable et des patinoires extérieures!

Victimes, mais pas responsables

Le Grand Nord sera grandement touché par le réchauffement, mais les pays les plus pauvres de la planète le seront encore plus. Si bien que les principales victimes seront celles qui ont le moins contribué au problème. Les pays industrialisés sont responsables de 76% des gaz à effet de serre émis depuis 1850, selon l'Institut des ressources mondiales.

Le possible «trou»

La première phase du protocole de Kyoto vient à échéance en 2012, ce qui donne peu de temps pour préparer un traité subséquent sans qu'il y ait de «vide» entre les deux. Or, qui dit «vide» dit «incertitude», chose que les décideurs politiques et économiques abhorrent. Ces derniers retirent habituellement leurs billes dans pareille situation.

Moins de glaciers=moins d'eau

Au-delà de l'aspect désolant des paysages aux glaciers évanescents, il y a un problème beaucoup plus criant: l'approvisionnement en eau des paysans pratiquant une agriculture de subsistance, voire celui des grandes villes, particulièrement en Amérique du Sud. La presque totalité des glaciers dits tropicaux de la planète sont situés dans les Andes.

Grave menace sanitaire

En mai dernier, la revue scientifique The Lancet a qualifié les changements climatiques de «plus grave menace à la santé du monde au XXIe siècle». Cela en raison de leurs effets multiples, comme l'augmentation des cas de paludisme (la hausse des températures permet aux moustiques de subsister à des altitudes plus élevées) et la hausse potentielle des décès liés aux canicules.

Prêcher par l'exemple

Quoi que nous fassions, les émissions des pays émergents continueront d'augmenter au rythme de leur prospérité. On évalue même que les pays en développement seront les grands responsables de l'augmentation du volume total des émissions d'ici à 2030. Afin de limiter la concentration de gaz à effet de serre dans l'atmosphère, mais surtout dans le but de montrer l'exemple à la Chine, à l'Inde et au Brésil, il faut d'abord réduire nos propres émissions.

Les limites de la techno

Certes, on peut réduire l'impact des changements climatiques en favorisant des énergies vertes. Mais ces dernières ne pourront répondre à une demande toujours plus grande. Car, fait peu connu, l'éolien et le solaire nécessitent des étendues immensément vastes, 300 fois plus que l'extraction de combustibles fossiles. D'où l'importance de réduire les émissions de multiples façons à la fois.

Les réfugiés climatiques

La dégradation de l'environnement et la désertification ont obligé quelque 10 millions d'Africains à migrer au cours des deux dernières décennies, selon les Nations unies. Or, le réchauffement planétaire devrait justement accroître ses perturbations dans l'avenir et donc, le nombre de réfugiés environnementaux.

Le Canada, un cancre

Bien que sa signature apparaisse au bas du protocole de Kyoto, le Canada a vu ses émissions de gaz à effet de serre croître depuis 1990. Le plus récent bilan national chiffre les émissions totales en 2006 à 721 mégatonnes de gaz à effet de serre, soit une hausse de 22% par rapport aux niveaux de 1990. Ce niveau est donc 29% supérieur à la cible du pays fixée par Kyoto: une réduction de 6% dans la période 2008-2012.

La crise de l'eau

Sous l'effet de la surpopulation et de l'augmentation du niveau de vie, mais aussi des changements climatiques déjà en cours, les réserves d'eau subissent des pressions sans précédent partout sur la planète, selon les Nations unies, ce qui met en péril la paix et la croissance à long terme. D'où la nécessité de lutter pour réduire les effets du réchauffement.

De plus en plus de monde...

Plus de 80 millions d'habitants s'ajoutent chaque année sur la planète, un problème d'autant plus grand pour l'environnement qu'il se double d'une augmentation de la qualité de vie dans plusieurs pays émergents. Selon l'ONU, la population mondiale devrait atteindre les 7 milliards d'individus en 2012, puis dépasser les 9 milliards en 2050. Il y a actuellement 6,8 milliards d'humains sur la Terre.

Une «tempête parfaite»

On a vu au cours des dernières années comment la planète a été secouée lors de la crise alimentaire, puis lors de la crise économique. Et si celles-ci revenaient plus fortes encore, doublées cette fois d'une crise du climat? La question a été posée dans le rapport Global Trends 2025, signé par le National Intelligence Council, un organisme qui réunit entre autres le FBI et la CIA.

Nouveau traité pour 2012

Mais par-dessus tout, la conférence de Copenhague servira à réunir la communauté internationale autour d'un objectif commun: mettre au point un successeur au protocole de Kyoto, dont la première phase vient à échéance en 2012. Même s'il semble de plus en plus probable que Copenhague devienne une ultime étape avant l'adoption d'un tel traité, en 2010, il n'en reste pas moins que ce sommet sera celui où les pays devront s'engager pour l'avenir.