Le gouvernement Harper pourrait lutter plus efficacement contre les changements climatiques simplement en se tournant vers les municipalités canadiennes.

Dans un rapport dévoilé hier, la Fédération canadienne des municipalités (FCM) a mis son grain de sel dans cet important débat en affirmant que les villes canadiennes sont prêtes à pousser à la roue... à condition d'obtenir de l'aide financière d'Ottawa.

 

Dans ce rapport, intitulé Agir sur le terrain, la FCM soutient que les gouvernements municipaux «contrôlent directement ou indirectement quelque 44% des émissions de gaz à effet de serre au Canada».

À titre d'exemple, en 2006, les municipalités, de par leurs pouvoirs, leurs activités et leurs décisions, «contrôlaient» environ 315 mégatonnes de CO2 sur un total de 718 mégatonnes produites dans l'ensemble du pays.

Résultat, selon la FCM: le gouvernement Harper a tout avantage à s'allier aux villes canadiennes s'il veut atteindre, voire dépasser ses objectifs de réduire ses émissions de 20% par rapport à ce qu'elles étaient en 2006 d'ici à 2020.

«Les municipalités peuvent réduire les gaz à effet de serre de façon sensible et durable et aider ainsi le grandement le Canada à remplir ses engagements. Grâce à leur leadership dans ce domaine, les municipalités de toutes les régions du pays réalisent déjà des réductions considérables à un coût avantageux», peut-on lire dans le rapport, produit par la firme EnviroEconomics.

Parmi les solutions avantageuses, les municipalités peuvent:

- Améliorer l'efficacité énergétique des bâtiments, des parcs de véhicules et des diverses installations qu'elles gèrent.

- Réduire les émissions de GES par le captage des gaz dans les lieux d'enfouissement et par le recyclage de matières qui seraient enfouies autrement. Au Canada, on compte quelque 800 lieux d'enfouissement actifs, dont au moins 100 majeurs. En 2006, on a répertorié 47 projets de captage de biogaz en cours au pays. À eux seuls, ces projets ont permis de capter 0,3 mégatonne de méthane, dont la moitié a été brûlée sur torche et l'autre moitié a été utilisée pour le chauffage ou la production d'électricité.

- Modifier l'aménagement urbain pour réduire l'utilisation des véhicules personnels et commerciaux et encourager les transports en commun.

- Aménager des systèmes énergétiques communautaires publics ou privés et acheter davantage d'énergie renouvelable.

Selon le rapport, les municipalités pourraient réaliser les deux tiers de ces réductions pour moins de 25$ la tonne.

Toutefois, les municipalités n'ont pas les moyens de leurs ambitions. À eux seuls, les projets de captage et d'utilisation des biogaz nécessiteraient des investissements de 250 millions à 400 millions de dollars et permettraient de réduire les GES de 6,5 mégatonnes de plus par année. Une somme considérable pour les municipalités, qui ont du mal à joindre les deux bouts depuis des années.

«Il existe encore beaucoup de solutions inexplorées pour réduire les émissions de GES des municipalités, des solutions économiques par rapport aux autres mesures d'atténuation. (...) Les gouvernements municipaux manquent toutefois de ressources et d'outils fiscaux pour assumer de telles responsabilités», peut-on lire dans le rapport.

Selon les statistiques, pour chaque dollar d'impôt perçu au Canada, 50 cents aboutissent dans les coffres du gouvernement fédéral, 42 cents vont aux provinces et seulement 8 cents vont aux municipalités.

Selon Berry Vrbanovic, deuxième vice-président de la FCM et conseiller municipal de Kitchener, en Ontario, le gouvernement Harper peut donner un véritable «élan» à sa stratégie en matière de changements climatiques en s'alliant aux municipalités canadiennes.