Le chemin vers le prochain rendez-vous climatique, prévu à Mexico, sera rude et nécessitera de grands efforts diplomatiques après le très difficile sommet de Copenhague, alors même que de nouvelles études confirment la menace du réchauffement.

Les laborieuses tractations de Copenhague n'ont abouti qu'à un accord politique de trois pages, non contraignant et duquel les données chiffrées essentielles sont absentes.

 

Un traité contraignant est espéré pour la fin de 2010 à Mexico, alors que Bonn doit accueillir une conférence de suivi dans six mois.

Mais la prochaine grand-messe du climat ne suscitera probablement pas la même mobilisation que le rendez-vous danois, qui restera comme le plus grand sommet de chefs d'État et de gouvernement dans l'histoire des Nations unies.

D'autant plus que les protagonistes se rejettent mutuellement la responsabilité de cette situation, les États-Unis, la Chine et le système onusien étant le plus souvent montrés du doigt.

Le premier ministre britannique, Gordon Brown, a accusé hier une «poignée de pays» d'avoir «pris en otages» les négociations de Copenhague, sans citer les pays visés, mais son ministre de l'Environnement, Ed Miliband, avait reproché dimanche à Pékin d'avoir combattu un accord prévoyant une contrainte légale.

Le premier ministre chinois, Wen Jiabao, a répliqué hier que son pays avait joué un rôle «important et constructif» à Copenhague. Pour le ministre français du Développement durable, Jean-Louis Borloo, c'est le fonctionnement de l'ONU qui est en cause, «ce système où le climat est tellement peu important, apparemment, qu'on décide tout à l'unanimité».

«Un accord est mieux que rien», a pourtant fait valoir le premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen, président du sommet mondial du climat.

Mais face à la maigreur des résultats, les scientifiques sont très déçus.

L'Indien Rajendra Pachauri, président du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC) et colauréat du prix Nobel de la paix en 2007 avec Al Gore, juge l'accord insuffisant et plaide pour l'adoption rapide d'un traité contraignant.

Le GIEC a prévenu en 2007 que si les températures moyennes augmentaient de plus de 2ºC, cela pourrait entraîner des changements climatiques aux conséquences très graves.

Selon des études plus récentes, sans réduction des émissions de CO2, le réchauffement pourrait atteindre 6ºC et le niveau des mers s'élever de plus d'un mètre. Un tel scénario créerait des centaines de millions de réfugiés climatiques.

D'autant plus que le réchauffement pourrait être amplifié, selon de nouvelles études menées par des chercheurs américains et chinois confirmant des données récentes.

Le climat de la Terre est plus sensible au dioxyde de carbone atmosphérique que ne l'estiment les politiques, assurent des scientifiques des universités de Yale (États-Unis) et de Hong-Kong, constatant qu'une augmentation «relativement faible» des niveaux de CO2 dans l'atmosphère avait entraîné «une hausse substantielle du réchauffement mondial il y a 4,5 millions d'années».

Et «comme rien n'indique que l'avenir se comportera différemment du passé, il faut s'attendre à quelques degrés de réchauffement continuels même si nous maintenons les concentrations de CO2 au niveau actuel», selon Mark Pagani, de Yale.