Les organisateurs de Vancouver 2010 ont promis des Jeux verts, et, dans trois semaines, leur public voyagera à bord de vingt bus à hydrogène, garantis sans émissions de gaz à effet de serre, à Whistler, la station de montagne qui accueille des compétitions.

Ces vingt bus forment la plus grosse flotte du genre au monde, inaugurée vendredi, juste à temps pour faire partie de la vitrine environnementale des Jeux de Vancouver.

Mis en circulation depuis novembre, les véhicules composeront, après les Jeux, plus de la moitié de la flotte de bus de Whistler, sans majoration du prix du ticket.

Avec une capacité de 26 000 litres, la station d'approvisionnement en hydrogène, installée dans le dépôt de bus municipal, devient également la plus importante du monde.

Couplée avec une batterie électrique, la pile à combustible, stockée sur le toit du bus, permet de produire de l'énergie non polluante à partir de l'hydrogène et de l'oxygène.

Le premier véhicule au monde intégrant ce procédé était un bus construit dans la région de Vancouver en 1993 par la société canadienne Ballard, une des parties prenantes du consortium qui a mis au point cette flotte.

«La Colombie-Britannique est en position de leader dans cette technologie», a déclaré devant les journalistes Shirley Pond, ministre des Transports et des Infrastructures de la province.

Le projet de 89,5 millions de dollars a été principalement financé par le gouvernement fédéral canadien, et la Colombie-Britannique, la province de l'Ouest qui renforce ainsi son image environnementale.

«Pas le droit à l'erreur»

Des villes comme Londres et Hambourg possèdent elles aussi de tels bus, mais la technologie hydrogène peine à s'inscrire dans un modèle économique à grande échelle, en raison de son coût élevé.

Si la performance énergétique du moteur hydrogène est considérée comme supérieure de 25% à celle d'un diesel, l'exploitation de ce genre de bus coûte 95 dollars canadiens pour 100 km contre 60 dollars pour un diesel, selon le réseau de transport public provincial BC Transit,

Alors qu'un bus classique vaut 500 000 dollars canadiens, un bus à hydrogène en coûte 2 millions.

«Ce projet vise à évaluer sa performance et sa viabilité pour une utilisation commerciale, a expliqué à l'AFP Manuel Achadinha, président directeur général de BC Transit, qui se donne cinq ans de réflexion. Il faut plus de stations d'approvisionnement pour faire baisser le prix de l'hydrogène et plus de concurrence pour que cette technologie devienne rentable»

Au-delà du coût, cette technologie semble aussi se heurter à une certaine méfiance à l'égard du gaz inflammable.

«On n'a pas le droit à l'erreur. Les moteurs sont équipés de détecteurs électroniques de fuites qui déclenchent des fermetures de vannes, dit Pierre Gauthier, directeur général pour l'énergie de l'hydrogène à Air Liquide Amérique du Nord, fournisseur du gaz pour BC Transit.

Pour que la technologie hydrogène soit propre jusqu'au bout, il faudrait produire le gaz localement pour limiter son transport par camion. Ce sera le cas prochainement à Whistler, selon Air Liquide.

Les bus de la station de ski font partie du projet de «l'autoroute de l'hydrogène», lancé en 2006, pour promouvoir cette technologie sur la côte ouest canadienne.

Pour le moment, seulement une trentaine de voitures et navettes de démonstration utilisent ce procédé. Mais les sept stations d'approvisionnement en hydrogène qui jalonnent cette autoroute du futur auraient la capacité de faire rouler 200 000 véhicules chaque année.