Déjà critiqué sur la scène internationale, le gouvernement conservateur abaisse sa cible de réduction des gaz à effet de serre à l'horizon 2020. L'opposition et les groupes écologistes fulminent.

Le ministre fédéral de l'Environnement, Jim Prentice, a dévoilé samedi le nouvel engagement du Canada à la suite de l'accord de Copenhague de décembre. Les pays signataires avaient jusqu'à hier pour les communiquer aux Nations unies.

 

Jim Prentice a annoncé qu'Ottawa alignerait ses objectifs sur ceux des États-Unis. Un projet de loi américain actuellement bloqué au Sénat prévoit d'ici 10 ans une baisse de 17% des émissions de gaz à effet de serre (GES) par rapport à leur niveau de 2006.

Cette cible sera également celle du Canada, a annoncé M. Prentice.

L'annonce de samedi a fait bondir l'opposition et les groupes écologistes, qui estiment que le nouvel objectif canadien est encore moins contraignant que celui qui avait été présenté lors de la conférence de l'ONU sur le climat, en décembre dernier à Copenhague.

«On s'attendait à ce que le gouvernement ne respecte pas l'avis des experts, mais jamais on aurait pu penser que le gouvernement ne respecterait pas ses propres objectifs!» a lancé Bernard Bigras, porte-parole du Bloc québécois en matière d'environnement.

En 2007, le gouvernement conservateur s'était fixé l'objectif de réduire de 20% ses émissions par rapport à 2006. Cette cible correspondait à une réduction de 3% sous le niveau de 1990, année de référence de l'accord de Kyoto. Selon Équiterre et Greenpeace, la nouvelle cible canadienne équivaut d'ici 2020 à une augmentation de 2,5% des émissions de GES par rapport à leur niveau de 1990.

« Rejet de Kyoto»

«Le camp des conservateurs, c'est le camp du rejet du protocole de Kyoto, ce qui est inacceptable sur le plan environnemental», a déclaré Bernard Bigras. En signant le protocole de Kyoto, le Canada s'était engagé à diminuer ses émissions de 6% sous la barre de 1990 d'ici 2012. Selon le plus récent bilan d'Environnement Canada, le pays les a plutôt augmentées de 25% depuis 1990.

David McGuinty, porte-parole libéral en matière d'environnement, a pour sa part déploré qu'Ottawa n'ait établi aucun plan précis pour atteindre ses objectifs. «Une cible, c'est une chose, mais un plan pour abaisser ses émissions de 17% d'ici 10 ans, c'est autre chose, a-t-il dit. Sans plan, nous n'atteindrons tout simplement pas la cible.»

Les groupes écologistes sont eux aussi montés au créneau pour dénoncer les politiques des conservateurs. «Si on avait besoin d'une preuve supplémentaire que le gouvernement conservateur se fiche des changements climatiques, on vient de l'avoir!» a lancé Steven Guilbeault, porte-parole d'Équiterre.

Selon M. Guilbeault, le gouvernement de Stephen Harper désinforme la population en affirmant qu'Ottawa s'aligne sur les objectifs américains. Le Canada en fait à son avis beaucoup moins que les États-Unis, qui mettent en branle divers projets pour s'attaquer aux changements climatiques.

Dans un communiqué, Greenpeace a réitéré ses critiques à l'égard de l'accord de Copenhague, qui est à son avis «ni juste ni ambitieux». L'accord vise à limiter la hausse des températures mondiales sous la barre des 2ºC, mais n'impose aucune contrainte juridique aux puissances industrielles.

Greenpeace demande une réduction des émissions de GES de 25% à 40% sous le niveau de 1990 d'ici 2020 pour les pays industrialisés, dont le Canada.