Sans tambour ni trompette, le gouvernement Charest a annoncé en fin de journée lundi que les gaz à effet de serre (GES) du Québec avaient crû de 3,7% de 2006 à 2007. Cela signifie que la province émettait alors 5,6% plus d'émissions qu'en 1990.

Selon la ministre de l'Environnement, Line Beauchamp, «cette augmentation est regrettable, mais il n'y a pas lieu d'être alarmiste». En entrevue, elle a expliqué que l'hiver rigoureux de 2007 avait obligé le Québec à utiliser la centrale thermique de Bécancour, ce qui a poussé les émissions vers le haut.

 

«Il faut aussi noter que tous les programmes sont entrés en vigueur en 2008. Les effets positifs des actions devraient donc se faire sentir à partir de 2008 et au cours des années subséquentes», a-t-elle indiqué.

La ministre s'est néanmoins dite «préoccupée» par la hausse des émissions du secteur du transport, que le Québec ne réussit pas à contenir. L'augmentation du nombre de véhicules a en effet fait grimper les GES de 2,1 mégatonnes en 2007. «Voilà d'ailleurs pourquoi on va de l'avant tout de suite avec les normes d'efficacité énergétique des automobiles (critiquées lundi par Ottawa)», a ajouté la ministre.

Mais les groupes écologistes sont plus critiques dans leur interprétation des chiffres. Équiterre et l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA) ont rappelé que le secteur du transport a vu ses émissions croître de 29,3% entre 1990 et 2007.

De l'avis du président de l'AQLPA, André Bélisle, le Québec n'honorera tout simplement pas la cible du protocole de Kyoto (6% de moins que le taux de 1990), qui devait être atteinte dès 2008 et jusqu'en 2012.

«Malheureusement, au rythme actuel, il semble que ce ne sera qu'en 2012 qu'on pourra atteindre l'objectif global fixé pour 2008-2012. Le Québec doit donc redoubler d'ardeur pour assurer l'atteinte de son nouvel objectif, annoncé en décembre dernier pour 2020, soit 20% de moins qu'en 1990.»