Les syndicats de travailleurs indiens dans le secteur de la construction ont haussé le ton hier et sommé le gouvernement Charest de «mettre fin à l'hypocrisie» en mettant fin aux exportations d'amiante dans les pays pauvres.

«Le Québec exporte un produit qu'il n'accepte même plus d'utiliser sur son territoire» lancera Anup Srivastava, porte parole de la Building and Wood Worker's International, un regroupent de 350 syndicats représentant 2 millions de travailleur de la construction.

L'Inde est un des pays qui utilise le plus l'amiante, et le Québec est, après la Russie, la source la plus importante pour ce produit peu coûteux utilisé dans la construction, la fabrication du ciment et dans les plaquettes de freins d'automobile.

«Le Québec n'utilise pas l'amiante dans leur propre cour, mais l'envoient à des pays comme nous» dénonce  Srivastava. Pour son collègue Gopal Krishna, M. Charest et les autres politiciens réunis à Delhi pour un sommet sur le développement durable font bien peu de cas de la santé humaine quand ils permettent le commerce de l'amiante. «Si c'est dangereux pour les Canadiens, pour les Européens, pour les Japonais, c'est aussi dangereux pour les Indiens» lance-t-il.

«Disons le clairement, l'amiante n'est pas «verte», l'amiante a ses sceptiques comme le réchauffement climatique a ses sceptiques. Avant de nous traiter de talibans, il faut que M. Charest comprenne que d'accroitre l'exposition à l'amiante, c'est du terrorisme environnemental» de lancer M. Krishna.

«C'est un cas clair de violation des droits fondamentaux, c'est barbare, cela entache la réputation du Québec et du Canada» de lancer M. Krishna, après une manifestation d'environ 200 personnes au centre de la capitale indienne.

«C'est choquant. L'erreur du Québec a été démontrée maintes fois. Le Québec décontamine ses édifices qui ont de l'amiante tout en disant que ce n'est pas dangereux. Ce que dit M. Charest est fâchant pour les Indiens» dira M. Krishna.

Mais interpellé hier, le premier ministre Charest n'a pas bronché. L'amiante utilisée de façon sécuritaire, n'est pas un produit dangereux insiste-t-il. Il avait déjà tenu la même ligne, quand à Mumbai, des groupes associés aux syndicats avaient fait une sortie similaire.

Charest inflexible

«Le chrysotile peut être utilisé de façon sécuritaire, insiste-t-il, c'est ce que les rapports de l'OMS disent. Ce n'est pas un produit interdit. C'est au gouvernement indien de mettre en place les réglementations nécessaires»

«On a pris nos responsabilités au Québec, adopté des normes et en avons fait la promotion. Il y a une limite à ce qu'on peut faire. C'est au gouvernement indien...Le Québec ne fait pas les lois en Inde». Aussi, il «y a d'autres produits dangereux quand ils sont mal utilisés, le chlore et le mercure sont dangereux. L'organisation mondiale du travail a produit deux textes sur l'amiante, le premier en 1986 soulignait que le produit pouvait être utilisé de façon sécuritaire, le second, en 2006, soulignait que le premier texte ne devait pas être interprété comme une caution à l'utilisation de ce produit.

Le Québec exporte le cinquième de l'amiante utilisée en Inde. «Il y a de l'amiante partout, dans chaque immeuble, le plafond du gouvernement indien est couvert d'amiante, il y en a aussi dans toutes les autos» de lancer M. Krishna.

Pour lui il y a un espoir, le transport de l'amiante, l'exploitation minière, commencent à être battus en brèche. En Inde, on enlève les feuilles d'amiantes des gares et des écoles.