Gea Bassett terminait sa maîtrise en éducation quand elle a démarré son entreprise en mettant simplement une annonce sur Craiglist. Elle a rapidement dû engager deux employés. Aujourd'hui, Green Cleaning Seattle Eco-Maid compte 15 femmes de ménage. Des femmes de ménage vertes.

Portant des vêtements de yoga Lululemon, Gea Bassett entre dans le café Tully's avec son portable. Elle nous rencontre entre deux entrevues. La jeune entrepreneure de 31 ans ne fournit pas à la demande. «J'ai des milliers de clients et des nouveaux clients tous les jours», indique-t-elle.

 

«Il y a une grosse demande pour le nettoyage vert à Seattle, explique la jeune mère. Notre clientèle est sensible à l'environnement. Autant des familles qui ont une maison de 500 000$, que des bureaux, des espaces d'artistes et des bureaux d'architectes.»

La garantie de Green Cleaning Seattle Eco-Maid? «Nos produits (de marque BioKlean) sont naturels, nous récupérons nos bouteilles et nous réutilisons nos serviettes», résume Gea.

La jeune femme et son mari habitent en banlieue de Seattle. Ils sont végétariens. Ils mangent essentiellement de la nourriture bio et les oeufs de leurs poules, ce qui est légal et très branché à Seattle, souligne Gea. Quant à leur maison, elle est chauffée au biodiesel.

Mais Gea, qui a une auto, est loin de prétendre qu'elle est parfaite dans ses habitudes environnementales. «Regarde mon café», lance-t-elle en regardant le contenant en carton.

La jeune femme est née à Cleveland, dans l'État de l'Ohio. Pour la jeune fille qui travaillait dans une boutique d'aliments naturels dès l'âge de 15 ans, il était normal de déménager à Seattle. «Seattle est une bulle aux États-Unis. C'est super ici.»

Il est vrai que Seattle respire la qualité de vie. Il y a plusieurs centres de yoga, des restaurants de bouffe organique locale et des supermarchés publics, dont le fameux Pike Place Market.

«Le mouvement vert, ce n'est pas le gouvernement, ce sont les gens», dit Gea.

Est-ce une mode d'être vert? «Peut-être... Mais le fait que c'est branché rend ça grand public», répond-elle.

Des permis de non-conduite

Scott Thomsen, porte-parole de la société d'électricité Seattle City Light, nous avait avertis. «Il faut attribuer le succès environnemental de Seattle à la communauté. Les gens veulent être verts et ça se traduit dans leurs comportements.»

Mais La Presse ne s'attendait pas à rencontrer autant de gens comme Gea. Ou comme Julia Field, une femme qui a décidé de s'impliquer dans un groupe vert de Seattle à la fin de sa quarantaine.

Tout a commencé par un accident d'auto. «J'ai décidé de ne pas la remplacer car j'avais peur. Je pensais que ma vie ne serait jamais pareille, mais je me suis rendu compte que je ne connaissais pas le réseau d'autobus», raconte-t-elle.

Mme Field s'est jointe à un organisme de son quartier, Sustainable Ballard. De fil en aiguille, elle est devenue responsable du projet Undriver License. À ce jour, plus de 3600 membres ont reçu un permis de non-conduite. À différents niveaux, ils se sont engagés à délaisser la voiture pour des modes de transport alternatifs.

La femme de 52 ans explique avoir changé ses habitudes tranquillement. «J'ai commencé par exemple à regarder les étiquettes et je me suis rendu compte que je mangeais des biscottes qui viennent de l'Angleterre.»

Julia Field n'est pas une grano excentrique ou une militante extrême. Pas plus que la présidente de Sustainable Ballard, Jenny Heins. «À Seattle, ça fait partie de la culture. Ce sont les gens qui roulent en Hummer qui sont les bizarres. Il y a plein de groupes comme nous», souligne-t-elle.

Mme Heins est aussi la directrice régionale du Green Festival, dont la présentation de Seattle a attiré au printemps dernier 33 000 personnes.

Selon Mme Heins, le réseau «vert» crée un effet boule de neige. Elle cite en exemple une microbrasserie qui organise une journée par mois où 20% des recettes vont à un organisme environnemental.

«Les clients gagnent, l'entreprise gagne, la ville gagne et l'environnement gagne», conclut-elle.