Le gouvernement Harper abandonne l'idée de créer un régime nord-américain de plafonnement et d'échange d'émissions de gaz à effet de serre (GES) pour lutter contre les changements climatiques.

Le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, a indiqué hier que le Canada n'a plus l'intention de créer un tel régime, dit "cap and trade", du moins à court terme, puisque l'administration démocrate de Barack Obama est incapable de faire adopter une telle mesure au Sénat.

 

Les démocrates ont perdu leur majorité qualifiée au Sénat à l'occasion d'une élection partielle le 19 janvier dans un de leurs bastions, le Massachusetts, à la suite du décès du sénateur Ted Kennedy.

Cette défaite rend encore moins probable la création d'un marché d'émissions de gaz à effet de serre. En juin, la Chambre des représentants a adopté un projet de loi en ce sens qui prévoit de réduire les émissions de GES de 17% en 2020 par rapport à ce qu'elles étaient en 2005. Mais l'impasse au Sénat empêche le président de signer toute loi sur les changements climatiques.

M. Prentice, qui se rendra à Washington demain afin de rencontrer notamment Todd Stern, l'émissaire américain sur les changements climatiques, et Lisa Perez-Jackson, la présidente de l'Agence américaine de protection de l'environnement (EPA), a réaffirmé l'intention du gouvernement Harper d'harmoniser la politique environnementale du Canada avec celle des États-Unis.

Pour l'heure, M. Prentice entend harmoniser les réglementations des deux pays en matière de transport, responsable de 25% des GES sur le continent.

Déjà, Ottawa a annoncé le mois dernier qu'il s'alignerait sur Washington en matière de réduction de gaz à effet de serre, soit de diminuer ses rejets de 17% par rapport à ceux de 2005.

«Le président Obama a lui-même reconnu qu'il sera extrêmement difficile pour son administration d'adopter le projet de loi créant un régime de cap and trade. La position de repli des États-Unis est de se concentrer sur la réglementation environnementale. Nous étions prêts à aller de l'avant avec le projet de cap and trade, mais nous ne pouvons pas le faire de manière isolée», a affirmé M. Prentice à La Presse hier.

Le gouvernement Harper avait annoncé, dès l'arrivée au pouvoir de Barack Obama, en janvier 2009, qu'il travaillerait de concert avec la nouvelle administration pour créer un régime de plafonnement et d'échange d'émissions sur le continent nord-américain. Mais il a été contraint de mettre de côté ce projet ambitieux le mois dernier après la défaite des démocrates.

Cela dit, le ministre Prentice a affirmé que l'on pourra atteindre le même objectif, soit de réduire les GES, en adoptant des règlements contraignants. Le Canada et les États-Unis ont déjà décidé d'harmoniser leurs réglementations dans le secteur du transport. Des normes communes d'émissions de CO2 pour toutes les automobiles sont prêtes et doivent entrer en vigueur le 1er janvier 2011.

Les deux capitales doivent maintenant harmoniser leurs règlements dans le cas des camions lourds, des trains, des bateaux et des avions. Après le transport, les deux gouvernements s'attaqueront à l'industrie de l'électricité.