L'avion propulsé à l'énergie solaire Solar Impulse a réussi mercredi en Suisse son premier vol d'environ une heure et demie, première étape d'une série d'essais qui devra aboutir d'ici trois ans à un vol autour du monde.

Tel une libellule, le prototype imaginé par l'explorateur suisse Bertrand Piccard a pris son envol à 10H28 (04H28 HNE) de la base militaire de Payerne, dans l'ouest de la Suisse.

Presque sans un bruit et après avoir seulement parcouru une centaine de mètres, le Solar Impulse s'est très lentement élevé en l'air, disparaissant doucement dans le ciel bleu azur et laissant derrière lui une foule de curieux et une cinquantaine de journalistes.

Suivi de deux hélicoptères, l'avion, propulsé par ses quatre moteurs électriques d'une puissance de 10 chevaux chacun, a ensuite évolué pendant près d'une heure trente avec à ses commandes l'Allemand Markus Scherdel.

Comme seule source d'énergie, l'appareil a utilisé les quelque 12.000 cellules photo-voltaïques recouvrant ses ailes et qui alimentent en énergie les moteurs électriques. Elles permettent aussi de recharger ses batteries lithium-polymère de 400 kg.

Après avoir atteint une hauteur de 1.200 mètres, l'avion est finalement redescendu aussi gracieusement vers le sol, posant ses fines roues sur la piste peu avant midi sous les applaudissements de la foule.

Ce premier vol, qui avait été repoussé à plusieurs reprises en raison de conditions météorologiques défavorables, intervient après un premier «bond» de quelques mètres de hauteur en décembre 2009.

«Jamais un avion de ce type n'a volé dans le passé», a estimé M. Piccard. Le faire décoller «était un immense point d'interrogation», a-t-il rappelé, ajoutant que ce premier vol «nous a donné la confiance nécessaire pour le prochain vol et les prochaines missions».

Pour André Borschberg, le co-fondateur du projet, «la première question était de savoir si nous avions suffisamment de puissance pour décoller et ensuite si nous pouvions faire atterrir cet avion».

L'appareil a fidèlement reproduit les essais «virtuels» effectués en simulateur, a de son côté assuré le pilote.

«Tout a fonctionné comme il fallait (....). Nous avons été en mesure d'effectuer le programme comme prévu et de revenir sains et saufs au sol», a souligné M. Scherdel, selon lequel le Solar Impulse se pilote comme «un gros avion» malgré son faible poids.

Après ce premier vol, l'équipe de quelque 70 personnes qui a travaillé pendant sept ans sur le projet compte effectuer d'autres essais pour calibrer la machine et finalement construire un deuxième exemplaire qui fera le tour du monde en cinq étapes d'ici 2013, et non plus 2012 comme annoncé précédemment par les organisateurs.

«Nous allons continuer les vols d'essai pour améliorer la conception du second avion», a expliqué M. Borschberg, précisant que sa construction débutera l'année prochaine.

Ce projet permet avant tout de montrer «ce qu'on est capable de faire dans les énergies renouvelables», a assuré M. Piccard, qui affirme que «notre futur dépend de notre capacité à nous adapter rapidement» à ces énergies «vertes».

«Solar Impulse doit démontrer ce que nous pouvons déjà faire aujourd'hui pour utiliser ces énergies», a-t-il souligné.

Dans une prochaine étape, le Solar Impulse doit se lancer avant l'été à partir de Payerne dans un périple de 36 heures non-stop afin de tester la capacité de l'appareil à voler de jour comme de nuit.