«Recoller les morceaux»: les négociations climat ont repris vendredi à Bonn sur des appels à rebâtir la confiance après la déception de Copenhague, mais des tensions restent palpables et les chances d'avancées majeures en 2010 semblent minces.

Quelque 1700 délégués issus de 175 pays se sont retrouvés pour la première fois depuis le rendez-vous danois qui s'était achevé mi-décembre sur un accord a minima, négocié in extremis par une vingtaine de chefs d'État. Ce court texte fixe comme objectif de limiter à deux degrés la hausse de la température moyenne de la planète, mais reste vague sur les moyens d'y parvenir.

À l'extérieur du centre de Conférence de Bonn, des militants d'organisation environnementales ont déposé «quatre» tonnes de vitres cassées sous une immense banderole sur laquelle on pouvait lire: «Il est temps de recoller les morceaux!».

Ce chiffre représente «le haut de la fourchette» de la hausse du thermomètre mondial si les pays de la planète en restent à leurs engagements de Copenhague, ont-ils souligné.

«Le processus de négociation a besoin d'être modernisé (...) et revitalisé», a lancé lors de la séance plénière d'ouverture Fernando Tudela, vice-ministre mexicain de l'Environnement. «Le temps où chacun réitère sans cesse ses positions est terminé».

Le Mexique accueillera en fin d'année, dans la station balnéaire de Cancun, la prochaine grand-messe du climat.

«Nous devons restaurer la confiance dans le processus onusien et restaurer la confiance entre les parties», a de son côté souligné Alicia Montalvo, déléguée espagnole, s'exprimant au nom de l'Union européenne.

La question de la place exacte des réunions onusiennes dans l'avancée des négociations s'annonce particulièrement sensible.

Après la déception danoise, nombre de pays, États-Unis en tête, ont souligné leur volonté de travailler sur des problématiques précises, dans des groupes plus restreints, tout en assurant ne pas vouloir contourner le processus multilatéral.

«Le seul lieu pour les négociations sur le changement climatique est le cadre de l'ONU», ont mis en garde vendredi les pays pays en développement réunis au sein du G77.

Le Venezuela, qui fait partie de la poignée de pays qui s'étaient farouchement opposés à l'accord de Copenhague, a, en termes beaucoup plus virulents, manifesté son désaccord.

«Les petits groupes informels prolifèrent», a regretté, sa représentante, Claudia Salerno, ironisant sur un «exercice néo-colonialiste».

Pour Dessima Williams, représentante de la Grenade et des petits États insulaires directement menacés par la montée des océans, «travailler en petits groupes est légitime», mais cela ne doit pas conduire, comme à Copenhague, à oublier une consultation plus large.

À l'issue de négociations rassemblant une vingtaine de pays, les présidents américain Barack Obama et français Nicolas Sarkozy avaient annoncé à la presse, séparément, qu'un «accord» avait été trouvé. Mais dans la nuit qui a suivi, la soumission de ce document à l'assemblée plénière a donné lieu à des échanges acrimonieux.

«La situation aurait été moins compliquée s'ils s'étaient tournés vers les autres pays au lieu de se jeter sur les médias puis de s'envoler dans leurs avions présidentiels», souligne Dessima Williams.

Les trois jours de discussions à Bonn doivent en particulier permettre de fixer un calendrier précis d'ici à l'échéance mexicaine. Les pays en développement ont demandé la tenue de trois réunions supplémentaires. Genève et New York, mais aussi Nairobi, Bangkok et Lyon font partie des villes évoquées pour les accueillir.