Un cargo chinois, échoué sur la Grande barrière de corail en Australie, a causé des dégâts «considérables» sur ce site inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, ont indiqué mardi des responsables australiens.

Le Shen Neng 1, échoué le 3 avril sur un banc de sable au large de l'État du Queensland (nord-ouest), a été renfloué et remorqué lundi dans la soirée.

«Ce sont les dommages les plus graves infligés par un navire que nous ayons pu constater sur la Grande barrière de corail», a déclaré David Wachenfeld, scientifique en charge de la réserve marine de la Grande barrière.

Selon lui, la coque du cargo a laissé sur la barrière «une cicatrice de près de 3 km de long et de 250 m de large».

La peinture toxique de la coque du cargo, qui transportait 68.000 tonnes de charbon, est en train de tuer les coraux, habitats d'une très riche faune et flore marine, a estimé de son côté Russell Reichelt, président de la réserve marine.

Les plongeurs «ont trouvé des dégâts considérables. Ils ont vu beaucoup de peinture toxique répandue sur le récif», a déclaré Russell Reichelt à la radio ABC.

«C'est inquiétant parce que le but de ces produits est d'être toxiques pour empêcher des organismes marins de coloniser la coque des bateaux. On a déjà observé des endroits où cette peinture, qui s'écaille, tue le corail aux alentours», a-t-il expliqué.

Le premier ministre australien Kevin Rudd a de nouveau estimé mardi «absolument scandaleux» que le cargo ait pu s'échouer après avoir emprunté une route jugée illégale par le gouvernement.

«Il est absolument scandaleux que ce navire ait pu s'échouer sur la Grande barrière de corail. Nous retournerons pierre par pierre pour comprendre comment cela a pu se produire», a déclaré M. Rudd.

L'approche d'une tempête a convaincu les autorités d'accélérer le renflouage du navire de 230 mètres de long lundi.

Les autorités australiennes ont exprimé un optimisme prudent sur la conduite de cette opération, qui n'a apparemment pas aggravé la nappe de 3 km de long causée par une fuite de deux tonnes de fioul.

Des plongeurs devaient maintenant examiner la coque du cargo, qui a été remorqué sur une île voisine.

Sydney va engager des poursuites afin d'obtenir des dédommagements «en rapport avec le coût du nettoyage du site», le navire chinois ayant emprunté un itinéraire «illégal», avait annoncé dimanche le ministre australien des Transports, Anthony Albanese.

Le cargo s'était écarté de plus de quinze milles marins (30 kilomètres) du tracé prévu, avant de s'échouer à 70 kilomètres au large des côtes du Queensland.

La société Shenzhen Energy Transport, armateur du Shen Neng 1, a reconnu vendredi que le navire n'avait pas suivi le parcours prévu vers la Chine, après avoir quitté le port australien de Gladstone (nord-est).

Les autorités se sont également engagées à tirer au clair certaines informations rapportant que des cargos ont coutume de prendre un racourci à travers la Grande barrière, le plus vaste ensemble corallien du monde, qui s'étend sur plus de 2 000 km. D'un haut intérêt scientifique, ce site touristique est précieux pour son exceptionnelle biodiversité marine et abrite des espèces menacées d'extinction.