Une deuxième enquête indépendante a lavé les scientifiques au coeur du Climategate de toute faute scientifique ou éthique. L'enquête, financée par l'Université d'East Anglia, a évalué la qualité de la recherche du Centre de recherche sur le climat de l'université.

Les chercheurs de ce centre ont été placés sous les feux des projecteurs après la publication de milliers de leurs courriels piratés par des climato-sceptiques. Certains de ces courriels évoquaient des ajustements statistiques de leurs données et ironisaient sur leur refus de fournir ces données en réponse à des demandes d'accès à l'information. Ces propos leur ont valu des accusations de fraude scientifique de la part des milieux climato-sceptiques. 

L'enquête publiée hier était dirigée par un ancien président d'un comité parlementaire sur la science. Elle a écarté tout soupçon de «fraude délibérée» et donné sa bénédiction aux réticences des scientifiques à rendre publiques certaines de leurs données parce qu'elles avaient été obtenues par de tierces parties qui en détenaient les droits. Elle a toutefois suggéré une collaboration plus serrée avec des statisticiens.

«Les chercheurs utilisent souvent les mêmes techniques statistiques pendant des années, alors ils ne voient pas la pertinence de réinventer la roue en travaillant toujours avec des statisticiens, explique Lawrence Mysak, climatologue de l'Université McGill. Mais c'est vrai qu'en théorie, c'est mieux.»

Une autre enquête, parlementaire celle-ci, avait en mars critiqué l'université pour ses politiques d'obstruction aux demandes d'accès à l'information, tout en innocentant les chercheurs. Une troisième enquête, aussi financée par l'université, a toujours cours et porte sur les allégations spécifiques de manipulations de données soulevées par le dévoilement des courriels.

Les enquêtes sont elles-mêmes attaquées comme partisanes. Le président de l'enquête dévoilée hier est président de l'Association britannique pour la captation du carbone, et l'un des membres de l'enquête toujours en cours a travaillé une dizaine d'années à l'Université d'East Anglia.

La controverse a eu un effet limité sur l'opinion publique. «Environ 70% de la population américaine fait confiance au moins modérément aux scientifiques sur les questions climatiques», explique Jon Krosnick, politologue de l'Université Stanford qui travaille sur la perception de ce dossier par le public. «Ce chiffre n'a pas changé. Parmi le reste, une certaine partie considérait déjà que les scientifiques étaient diaboliques parce qu'ils travaillent avec le gouvernement. Cette section de la population est d'autant plus virulente qu'elle considère que les démocrates veulent transformer les États-Unis en pays socialiste. Enfin, certains parmi ceux qui doutent des scientifiques préfèrent se fier à d'autres sources d'informations, en premier lieu leur expérience directe de la météo - et l'hiver dernier, il a beaucoup neigé aux États-Unis. Que les scientifiques soient mêlés à des controverses leur importe peu.»

Que faire des sondages montrant que moins de 60% des Américains pensent qu'il existe des preuves solides que la planète se réchauffe, comparativement à plus de 70% en 2008? «Ce sont souvent des questions compliquées et mal conçues qui poussent les gens à se réfugier dans leur expérience directe de la météo. Les plus récents sondages ont été faits à la sortie de l'hiver, en prévision du jour de la Terre. Il est risqué de les comparer à ceux qui sont faits après l'été.»