Le Canada aurait tout pour devenir une puissance mondiale des énergies renouvelables, mais le manque de leadership du gouvernement fédéral lui fait rater de belles occasions d'affaires, a dit hier Steve Howard, président et chef de la direction de l'organisme The Climate Group.

Le Britannique, qui était de passage à Montréal hier le temps d'une allocution, a aussi qualifié la gestion des gaz à effet de serre du pays de «décevante» et affirmé que le pays devrait y penser deux fois avant de mettre toutes ses billes dans les sables bitumineux.

«Les émissions du Canada ont augmenté de 22% depuis 1990. Le Canada est un pays formidable, un pays à la vision réellement internationale. Mais il est décevant de voir un tel niveau de sous-performance. Si tous les pays avaient eu des performances aussi faibles, je dois dire très franchement que les générations futures en auraient pour longtemps à payer le prix de cette inaction», a-t-il lancé aux journalistes en marge de sa présentation.

M. Howard a toutefois lancé des fleurs au Québec, dont les émissions ont diminué de 1% depuis 1990, selon des chiffres publiés cette semaine.

«Il s'agit du premier exemple en Amérique du Nord», a-t-il souligné.

Le Climate Group que M. Howard dirige conseille les entreprises et les gouvernements sur les changements climatiques. Le groupe a créé une coalition d'entreprises, dont font partie Google, Nestlé, Nike et Virgin, et de gouvernements, notamment la Californie, le Québec et l'Ontario, pour influencer les politiques internationales.

M. Howard s'est demandé hier pourquoi un petit pays comme le Danemark a pu réussir à créer une industrie éolienne dynamique alors que le Canada, qui compte de grands espaces, n'y est pas parvenu.

«Le Canada possède des actifs incroyables pour l'économie du XXIe siècle. Faites un éventail des ressources renouvelables: combien de pays ont les ressources d'espace, d'eau, de terres agricoles du Canada?»

Celui qui détient un doctorat en physique de l'environnement s'interroge aussi sur la pertinence pour le Canada de tout miser sur les sables bitumineux.

Il a rappelé que les États-Unis sont actuellement très actifs dans l'extraction du gaz naturel des shales, que le sud du pays possède un immense potentiel solaire et que le Dakota a été décrit comme «l'Arabie Saoudite du vent».

«Au cours des cinq ou dix prochaines années, même avec des actions modestes de Washington, les États-Unis vont produire tellement d'énergie alternative qu'il est fort possible qu'ils choisissent de compléter leur portefeuille énergétique seulement avec les sources d'hydrocarbures les plus propres», a-t-il dit.