Les engagements pris à la suite du sommet de Copenhague sur les changements climatiques ne permettent pas d'échapper au pire, selon une nouvelle étude allemande. Des chercheurs de l'Institut de recherche sur les impacts climatiques de Potsdam affirment qu'il y a une chance sur deux que la planète se réchauffe de plus de 3 ºC d'ici 2100.

Au coeur des calculs des climatologues allemands se trouve le risque inhérent aux «crédits» accordés pour la bonne gestion des terres et des forêts, qui absorbent des gaz à effet de serre. Selon les auteurs de l'étude publiée mercredi dans Nature, les engagements pris à Copenhague mettent erronément sur un pied d'égalité les réductions d'émissions de polluants et des pratiques comme la plantation d'arbres. La végétation absorbe des gaz à effet de serre et l'accord de Copenhague permet à un pays de comptabiliser ce processus dans ses efforts de réductions d'émissions - par exemple, un pays qui s'engage à planter des arbres ou à réduire les activités forestières.

 

«L'expérience passée montre que les crédits pour l'aménagement du territoire et des forêts ne servent qu'à diminuer les exigences en matière de réductions d'émissions, sans avoir un effet concret, explique en entrevue l'auteur principal de l'étude, Joeri Rogelj. Beaucoup de ces crédits sont générés par une progression business as usual de ces secteurs. Et de toute façon, la réduction des émissions et l'augmentation des puits de carbone dans les terres et les forêts n'ont pas la même permanence. Un changement politique peut compromettre tous les efforts en matière de gestion des terres et des forêts.»

Le débat est relancé

Selon Gail Chmura, directrice du Centre de l'environnement global et des changements climatiques de l'Université McGill, l'étude allemande a le mérite de relancer le débat sur les crédits liés à la gestion des terres et des forêts. «En théorie, seuls les crédits garantis par un gouvernement sont admissibles, dit Mme Chmura. Mais un changement politique peut modifier la donne. Alors, on peut raisonnablement se demander s'il est légitime de considérer égales des réductions des émissions et des augmentations de la captation de gaz à effet de serre par les sols et la végétation.»