Lou Allstadt a travaillé pendant 31 ans pour l'industrie pétrolière. Il a notamment été vice-président de Mobil Oil pour toutes les activités d'exploration et de forage, de l'Amazonie jusqu'en Alaska. La Presse l'a rencontré à Cooperstown, dans l'État de New York, pendant une assemblée publique.

Q: Que pensez-vous des projets de forage gazier dans l'État de New York?

R: Au départ, je n'étais pas inquiet. Mais quand j'ai pris connaissance de la réglementation de l'État de New York, je le suis devenu. C'est la même qu'en Pennsylvanie et c'est complètement inadéquat.

 

Q: Quels sont les risques?

R: Il est arrivé un incident récemment en Pennsylvanie avec un puits de gaz, très similaire à l'accident du golfe du Mexique. Il y avait trop de pression dans le puits, la boue de forage n'était pas assez lourde et il y a eu une explosion. Il y a eu des déversements toxiques pendant 15 heures. Heureusement il n'y avait pas de maison à proximité. Avec la réglementation actuelle, il pourrait y avoir des installations à 150 m d'un lac qui sert de source d'eau potable pour une ville comme Cooperstown. On entend des histoires d'écoles qui louent un terrain à l'industrie pour avoir des revenus. C'est complètement fou. On ne veut pas voir ses enfants jouer tout près!

Q: Qu'est-ce qu'il y a de particulier avec le gaz de shale?

R: D'après mon expérience, avec le gaz de shale, les activités de l'industrie n'ont jamais été aussi proches de zones habitées. On connaît assez bien l'exploitation traditionnelle de gaz et de pétrole, mais pas celle du gaz de shale. On sait que la production des puits décline rapidement et il faut revenir les stimuler à répétition. Et personne n'a encore été jusqu'au bout de ce processus. Les plus vieux puits ont à peine 10 ans.

Q: Faut-il complètement stopper l'industrie?

R: Je ne dis pas qu'il n'y a aucun moyen de bien faire les choses. Mais il faut prendre un peu de recul et réécrire toute la réglementation du secteur. Tout comme dans le cas du golfe du Mexique, c'est la même agence qui doit maximiser les redevances pétrolières et protéger l'environnement. Il y a un conflit évident entre ces missions. Il faut prendre en considération le voisinage des puits. Il faut faire des réserves significatives autour des sources d'eau potable. Il faut s'éloigner des écoles, des hôpitaux, des zones habitées. La réglementation est importante pour surveiller les mauvais joueurs dans l'industrie. Il n'en faut pas beaucoup pour faire du dommage.

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GAZ DE SHALE OU GAZ DE SCHISTE?

Selon le géologue Denis Lavoie, de Ressources naturelles Canada, il faut dire shale, même si les géologues français emploient schiste, terme qui au Québec désigne un autre type de roche.