Motivés par ce qu'ils qualifient d'«incohérence» et d'«irresponsabilité» du gouvernement Charest en matière énergétique, notamment dans le dossier du gaz de schiste, une dizaine d'organismes environnementaux ont décidé d'unir leurs forces. Le Mouvement Vigilance Énergie, dont la naissance a été annoncée ce matin, vise à «redonner aux citoyens le contrôle de l'agenda énergétique».

«Il y a un emballement dans tout le dossier énergétique, donc il y a urgence, dit Éric Darier, directeur de Greenpeace Québec. L'avenir doit être tourné vers les énergies renouvelables et propres.»

Vigilance Québec est lancé quelques jours avant que le gratin mondial des dirigeants des industries de l'énergie soit réuni au Palais des congrès de Montréal, à compter de dimanche prochain. Une manifestation est d'ailleurs prévue pour l'ouverture du XXIe Congrès mondial de l'énergie, place Riopelle dans le Vieux-Montréal.

Selon André Bélisle, président de l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique, le Québec fait actuellement face à une «invasion des promoteurs énergétiques». La coalition, qui a l'ambition de couvrir l'ensemble du Québec, se veut une forme de «veille citoyenne», une surveillance de «chaque pouce de notre territoire» contre l'exploitation incontrôlée des ressources.

Pour le président de l'AQLPA, le gouvernement Charest fait présentement fi du consensus québécois concernant les priorités en matière énergétique, soit de favoriser les énergies renouvelables, la conservation et l'économie avant d'entreprendre l'exploitation de combustibles fossiles

«Il y avait une hiérarchie dans le développement des filières énergétiques qui a été complètement escamotée, estime M. Bélisle. Il en résulte une situation complètement incohérente et chaotique.»

Le porte-parole de Maîtres chez nous - 21e siècle, Daniel Breton, va encore plus loin: le gouvernement actuel est carrément «en train de démanteler l'héritage de Jean Lesage en donnant les droits d'exploration et d'exploitation aux entreprises privées».

«Il faut un débat de société, un débat public sur la propriété de nos ressources naturelles», précise-t-il.

Vigilance Énergie demande un moratoire «général» sur la production gazière et pétrolière au Québec, ainsi que la tenue d'audiences «génériques» -et non locales comme celles annoncées il y a dix jours. Un forum sur le développement de l'énergie nucléaire et du gaz de schiste aura par ailleurs lieu à l'UQAM vendredi prochain.