L'humanité vit au-dessus de ses moyens, conclut un rapport du World Wildlife Fund dévoilé mercredi. À tel point que si rien ne change, nous aurons besoin de l'équivalent de deux planètes Terre pour subvenir à nos besoins d'ici 2030.
L'étude de quelque 120 pages dresse un portrait aussi simple que sombre: l'écart entre l'empreinte écologique de l'humanité et la capacité de regénération de la planète ne cesse de s'accroître. Le Canada occupe d'ailleurs une place peu enviable dans le rapport, puisqu'il figure au 7e rang des pays à la plus haute empreinte écologique.
«On est carrément en train de gruger notre capital. On produit trop de carbone et on utilise trop de ressources pour la capacité de la planète», explique la directrice du WWF au Québec, Marie-Claude Lemieux.
«Pour utiliser un terme qu'affectionnent les politiciens, disons qu'on est en train d'emprunter pour payer l'épicerie», illustre-t-elle.
L'humanité vit en fait au-dessus de ses moyens depuis les années 70. C'est durant cette décennie que l'homme a commencé à consommer les ressources renouvelables plus rapidement que les écosystèmes ne pouvaient les générer, et à produire plus de CO2 que les écosystèmes ne pouvaient en absorber.
Ce «dépassement écologique» a toutefois pris des proportions inquiétantes. Déjà en 2007, nous consommions 50% au-delà des capacités de la Terre. Si rien ne change, ce taux passera à 100% en 2030, soit deux fois trop.
«Il aurait fallu un an et demi à la terre pour regénérer les ressources renouvelables consommées par l'homme en 2007 et absorber le CO2 produit, peut-on lire dans le rapport Planète vivante 2010 (...) Une telle surexploitation n'est possible que pour une période de temps limitée car les ressources finiront à terme par s'épuiser.»
Vivre dans un «paradis artificiel»
Certains pays sont plus goinfres que d'autres. Selon l'étude, le Canada a ainsi la 7e plus haute empreinte écologique par personne au monde. Le pays se trouve juste derrière l'Estonie et les États-Unis dans une liste que coiffent les Émirats arabes unis.
«Les plus importantes empreintes se trouvent dans des pays riches, en moyenne cinq fois supérieures à celles des pays pauvres», explique le directeur général du WWF, Jim Leape.
Si tous les humains vivaient comme le citoyen indien moyen, l'humanité n'utiliserait même pas la moitié de la biocapacité de la planète.
Par contre, si chacun vivait comme un habitant moyen des États-Unis, il faudrait une biocapacité équivalente à plus de 4,5 planètes, note l'étude.
L'organisme s'est aussi intéressé à la biodiversité mondiale. Depuis 1970, WWF suit l'évolution de 7953 populations de 2544 espèces vertébrées. Ces populations ont fondu de 30% depuis qu'on les suit.
L'étude révèle toutefois une importante différence entre les pays tempérés et tropicaux. Dans les premiers, la biodiversité est en progression (29%), alors qu'on constate un fort déclin (60%) chez les seconds. On suggère que l'extraction accélérée de ressources dans les pays du Sud pour alimenter la consommation au Nord explique en partie ce phénomène.
«Il y a une perte alarmante de biodiversité dans les pays pauvres, souvent tropicaux, alors que les pays développés vivent dans un paradis artificiel, qui carbure à la surconsommation et aux émissions de gaz carbonique», note Jim Leape.
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1,5
En années, temps nécessaire pour générer les ressources renouvelables utilisées en 2007
2
Nombre de planètes dont nous aurons besoin en 2030 si rien ne change
x2
L'empreinte écologique de 2007 est deux fois supérieure à celle de 1966
0,5
Si tous les humains vivaient comme le citoyen indien moyen, l'humanité n'utiliserait même pas la moitié de la biocapacité de la planète.
4,5
Si tous les humains vivaient comme le citoyen moyen des États-Unis, il faudrait une biocapacité équivalente à plus de 4,5 planètes.
7e
Place du Canada dans la liste des 10 pays qui ont la plus haute empreinte écologique, juste après les Émirats arabes unis, le Qatar, le Danemark, la Belgique, les États-Unis et l'Estonie; et tout juste avant l'Australie, le Koweït et l'Irlande.