Un programme du gouvernement fédéral visant à transformer des montagnes de déchets d'amiante du Québec en verdure luxuriante pourrait représenter un risque pour les citoyens vivant dans les environs, selon des documents internes.

Ottawa cherche à savoir si ces résidus, situés dans la principale province productrice d'amiante au Canada, pourraient un jour produire des plantes, voir des germes de biocarburants.

Le projet du ministère des Ressources naturelles, basé à Thetford Mines, tente également de déterminer si l'extraction des minéraux, enterrés dans les sites de déchets municipaux, est digne d'intérêt.

Les documents internes du gouvernement spécifient toutefois que l'extraction des fibres d'amiante, une matière cancérigène, pourrait être nuisible pour la santé de la population locale. La Presse Canadienne a obtenu une copie de ces dossiers en vertu de la Loi d'accès à l'information.

L'exploitation de l'amiante a longtemps porté ombrage à Thetford Mines, qui a été un leader international en la matière pendant des décennies. La ville était fière de se qualifier de «capitale mondiale d'amiante» avant que la science ne découvre les sérieux risques pour la santé des humains liés à cette matière.

Le controversée secteur de l'amiante canadienne a fait l'objet d'une campagne internationale anti-amiante croissante au cours des derniers mois.

Des professionnels de la santé et des militants anti-amiante de plusieurs pays ont dénoncé les exportations canadiennes d'amiante, qui sont pour la plupart destinées à des pays en voie de développement.

L'Organisation internationale de la santé (OMS) a indiqué que 90 000 personnes mouraient chaque année à la suite de maladies liées à l'amiante.

Le gouvernement conservateur a toutefois défendu cette industrie, soutenant que l'amiante ne présentait pas de risques lorsqu'elle était adéquatement manipulée.

Le ministre des Ressources naturelles, Christian Paradis, dont la circonscription comprend la ville de Thetford Mines, a annoncé, l'été dernier, deux études de faisabilité, pour un coût total de 600 000$.

Les projets sont financés par l'initiative pour une exploitation minière écologique d'Ottawa, qui bénéficie d'une enveloppe budgétaire de 8 millions $.

Une des études doit déterminer la fertilité des sites de dépôts, alors qu'une autre vise à identifier l'intérêt économique lié à l'exploitation des minéraux qui y sont enterrés.

Des notes d'informations destinées à M. Paradis démontrent que le gouvernement examine la possibilité d'un troisième projet, afin de transformer les sites de déchets en terres agricoles pour l'exploitation de biocarburants.

Le rapport interne souligne néanmoins que davantage d'information scientifique sera nécessaire avant d'entamer ces projets de végétation. «Pour l'instant, le risque environnemental lié à ce site dans son aspect actuel semble minime. On ignore toutefois, en ce moment, dans quelle mesure il a été étudié d'un point de vue écologique», indique le document.

Le maire de Thetford Mines, Luc Berthold, a indiqué que la province avait déjà tenté de faire cultiver des plantes sur les collines de déchets autour de la ville, sans succès.