Le Bloc québécois lance un appel aux partis de l'opposition afin d'empêcher que le Canada ne bousille les efforts de la communauté internationale au sommet de Cancun pour la prolongation du protocole de Kyoto au-delà de 2012.

Le porte-parole du parti en matière d'environnement, Bernard Bigras, estime qu'il est nécessaire que la classe politique s'allie avec les écologistes et les gens d'affaires pour s'assurer qu'au terme de la conférence, vendredi, le protocole soit contraignant et qu'il demeure la référence sur le plan de la lutte contre le réchauffement de la planète.

Selon le député bloquiste, les partis d'opposition ont déjà démontré dans le passé qu'ils étaient capables de solidarité lorsque venait le temps de lutter contre les changements climatiques et ils doivent à nouveau faire front commun.

Le Devoir rapportait dans son édition de samedi que le Canada avait causé une véritable commotion au sommet de Cancun sur les changements climatiques en se liguant au Japon et à la Russie pour empêcher la prolongation du protocole de Kyoto au-delà de 2012 par une nouvelle période de réductions obligatoires des émissions de gaz à effet de serre.

Pour Bernard Bigras, cette prise de position n'a rien de surprenant puisque déjà, à Copenhague, le Canada avait tout fait pour déchirer le texte entourant la négociation qui donnait une suite au protocole de Kyoto.

«C'est une suite logique pour le Canada qui souhaite ni plus ni moins enterrer le protocole de Kyoto à chacune des conférences des parties sur les changements climatiques», a-t-il soutenu.

«Le Canada doit prendre acte des changements climatiques, il doit travailler avec l'Union européenne, avec la société civile, avec les pays en développement plutôt que de travailler avec les plus délinquants sur le plan environnemental», a ajouté M. Bigras.

Les écologistes n'ont pas tardé à réagir à la nouvelle. C'est notamment le cas de Steven Guilbeault, du groupe Équiterre, qui n'était pas, lui non plus, très surpris de l'orientation du gouvernement Harper au sommet mexicain.

Selon lui, Ottawa doit clarifier sa position puisqu'à l'heure actuelle, personne ne sait si le Canada tentera réellement de bloquer les négociations en cours comme l'a affirmé vendredi la présidente de la conférence, Christina Figueres, en conférence de presse.

«Est-ce qu'il va se mettre en travers du chemin de la très grande majorité des pays de la planète ou est ce qu'il va simplement accepter de suivre la volonté de ces pays-là? C'est la grande question à laquelle tout le monde va essayer de trouver une réponse au cours des prochains jours», a expliqué l'écologiste alors qu'il se trouvait lui-même à Cancun, samedi.

Steven Guilbeault croit toutefois que tout n'est pas perdu et qu'il est possible que le gouvernement canadien succombe à la pression de la communauté internationale et à celle du public d'ici la fin de la conférence. Cela s'est déjà vu, rappelle-t-il, en citant notamment l'exemple de la conférence de Bali en 2007.

«Je pense que si l'on a réussi à le faire une fois, on peut probablement réussir à la faire une deuxième fois», a indiqué celui qui compte militer jusqu'à la dernière minute.

«Notre rôle c'est d'être le relais pour la société canadienne afin de rappeler au gouvernement canadien qu'il n'est pas là pour représenter les intérêts financiers d'une poignée de compagnies pétrolières en Alberta mais qu'il est ici pour représenter les intérêts de l'ensemble des Canadiens», a conclu Steven Guilbeault.