Frappée par la fermeture de deux des six entreprises du secteur ces derniers mois, l'industrie du recyclage de pneus s'inquiète de la disparition de Recyc-Québec, annoncée le mois dernier dans le cadre de la rationalisation de l'État québécois.

«Avant de perdre Recyc-Québec, il y avait des choses à mettre en place», dit Sylvain Langlais, président de l'Association des recycleurs de pneus du Québec.

Recyc-Québec gère le système de redevances qui permet de recycler les vieux pneus hors d'usage. Trois dollars sont perçus à la vente de chaque pneu neuf. Chaque année, Recyc-Québec fait un appel d'offres pour attribuer le volume de pneus à recycler.

Au fil des ans, la concurrence entre recycleurs a fait qu'ils ont accompli leur travail pour moins cher que le budget fourni par la redevance. Recyc-Québec a donc accumulé des surplus.

L'industrie était en pourparlers avec Recyc-Québec pour réinvestir une partie de ces surplus dans des programmes de recherche et de développement. Mais le gouvernement a annoncé que le surplus accumulé de Recyc-Québec serait versé au Fonds vert.

«On a une industrie très performante, très innovatrice, la meilleure en Amérique du Nord, a affirmé à ce sujet Mario Laquerre, directeur des programmes chez Recyc-Québec. En même temps, elle est à un point tournant et elle a besoin d'aide.»

«Tous les projets entrepris au sein de Recyc-Québec seront maintenus, assure pour sa part Sarah Shirley, porte-parole du ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP), Pierre Arcand. Même les programmes en cours d'analyse sont maintenus. On est au courant qu'il y a des problèmes dans l'industrie.»

Les usines de recyclage traitent environ 5 millions de pneus chaque année. Ils sont déchiquetés et transformés par exemple en granules pour les terrains de sports artificiels ou en caoutchouc recyclé utilisé dans plus en plus de produits. L'acier des pneus est également recyclé.

Cette nouvelle industrie a permis au Québec de vider d'immenses dépotoirs de pneus qui étaient autant de menaces à la santé et à l'environnement un peu partout au Québec. Un incendie désastreux dans un dépotoir de pneus à Saint-Amable en 1990 avait d'ailleurs motivé la création du système de recyclage, en 1993.

Il y a 10 ans, on estimait à 27 millions le nombre de pneus entreposés plus ou moins légalement. Mais en août cette année, les recycleurs ont fini de vider ces vieux dépotoirs.

Ceci rend la situation actuelle encore plus critique, selon l'Association des recycleurs de pneus du Québec. Parce qu'en plus, l'appel d'offres de cette année se fait attendre. «Pour l'entreprise qui a manqué son coup dans l'appel d'offres de l'an dernier et qui manque de pneus, ça commence à être urgent, dit M. Langlais. L'appel d'offres devait avoir lieu fin novembre et on l'attend toujours.»

À ce sujet, M. Laquerre affirme que les entreprises continueront de recevoir des pneus au prorata de l'appel d'offres de l'an dernier, mais n'a pas pu indiquer quand le nouvel appel d'offres sera lancé.

Ceci rend la situation actuelle encore plus critique, selon l'Association des recycleurs de pneus du Québec. «Pour l'entreprise qui a manqué son coup dans l'appel d'offres de l'an dernier et qui manque de pneus, ça commence à être urgent», dit M. Langlais.

À ce sujet, M. Laquerre affirme que les entreprises continueront de recevoir des pneus au prorata de l'appel d'offres de l'an dernier. Selon Mme Shirley, le prochain appel d'offres se déroulera comme prévu en mars.