Malgré une destruction intense causée tant par la construction que par l'agriculture, il reste encore 11 000 marais, marécages et tourbières dans la région de Montréal. Ils y occupent 21 000 hectares, soit l'équivalent de la superficie de Laval.

C'est ce que nous apprend une étude cartographique de Canards illimités, un groupe de conservation qui a reçu 200 000$ du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) pour fournir le premier portrait global des milieux humides dans la Communauté métropolitaine de Montréal.

Mais cartographier n'est pas protéger, et le MDDEP continue d'approuver la plupart des remblayages de milieux humides à des fins de construction. Entre 80% et 85% des milieux humides auraient disparu.

«Si on ne fait rien, les impacts environnementaux vont continuer de s'accumuler avec des conséquences économiques que nous sous-estimons tous», a affirmé hier Bernard Filion, directeur de Canards illimités pour le Québec. «Nous offrons aux entrepreneurs, aux élus et aux aménagistes un nouvel outil commun, a-t-il dit. Si nous ne pouvons pas freiner le développement, planifions-le.»

Le ministre Pierre Arcand a salué le travail de l'organisme de conservation, tout en refusant de resserrer concrètement la protection des milieux humides. Selon lui, le nouvel atlas va aider le MDDEP à «faire l'analyse de l'acceptabilité environnementale d'un projet avec encore plus de précision» et va réduire les possibilités de contestation d'un promoteur immobilier.

Mais il approuve la façon de faire actuelle de son ministère. «Dans les certificats d'autorisation qui sont délivrés, il y a parfois des transgressions, mais on exige toujours une compensation et c'est suivi de façon serrée», dit-il.

Guy Garand, du Conseil régional de l'environnement de Laval, conteste cette affirmation: «On a demandé au ministère un bilan détaillé des compensations obtenues sur le territoire de Laval et on nous a répondu qu'il n'y avait pas de suivi», a-t-il dit.

Le travail cartographique a été rendu possible par les progrès de l'imagerie aérienne. D'ici 2012, toute la vallée du Saint-Laurent sera cartographiée, un projet de 2,2 millions de dollars.