Le réchauffement climatique risque de conduire à une multiplication des tempêtes de neige record comme celles ayant frappé les États-Unis et l'Europe les deux hivers derniers, ont prévenu mardi des chercheurs américains.

«De fortes tempêtes de neige ne sont pas incompatibles avec un réchauffement de la planète», a expliqué Jeff Masters, directeur de la météorologie pour le site de prévisions météorologiques mondiales «Weather Underground».

«En fait, alors que la Terre devient plus chaude et que plus d'humidité est absorbée par l'atmosphère, nous accroissons les chances d'avoir plus de tempêtes d'une extrême intensité à toutes les saisons», a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse téléphonique organisée par l'Union of Concerned Scientists (UCS).

Au cours des deux hivers derniers, le nord-est des États-Unis a été frappé par trois tempêtes de neige de catégorie 3 ou pire, selon une échelle régionale dite «Northeast Snowfall Impact Scale».

Une telle intensité n'avait été observée qu'une seule autre fois depuis cinquante ans, pendant l'hiver 1960-1961.

Cet hiver, la ville de New York a ainsi connu les deux mois les plus enneigés de son histoire avec 91 cm tombés en janvier et 94 cm en février. A Philadelphie, quatre des dix plus forts épisodes neigeux jamais enregistrés dans la ville se sont produits dans les trois derniers mois.

Dans le Midwest, Chicago a subi en février sa troisième plus forte tempête de neige.

Malgré l'abondance des chutes de neige, le thermomètre aux États-Unis n'est toutefois pas descendu très en-dessous de la moyenne durant les deux derniers hivers, a tempéré le météorologue.

Un phénomène qui s'explique par le fait qu'une atmosphère plus chaude retient plus d'humidité.

Jeff Master a cité une étude qui montre que jusqu'à 80% des tempêtes de neige du XXe siècle aux États-Unis avec une accumulation de plus de 15 cm se sont produites durant des hivers marqués par des températures au-dessus de la moyenne.

«La tendance au réchauffement a été particulièrement forte dans l'Arctique», a pour sa part souligné Mark Serreze, directeur du Centre national américain de la neige et de la glace (NSIDC) à Boulder, au Colorado.

Le climatologue a relevé que les températures atteignaient désormais des niveaux record en hiver.

Le réchauffement a provoqué une réduction record des superficies gelées de l'océan Arctique en décembre, janvier et février, selon lui. Or, moins il y a de glace dans l'océan, plus l'humidité augmente dans l'atmosphère.