Les restrictions pour la fracturation dans les basses terres du Saint-Laurent vaudront finalement pour l'ensemble du territoire québécois. Toute nouvelle fracturation pétrolière ou gazière sera seulement acceptée si elle permet d'acquérir des connaissances scientifiques. C'est ce qu'a annoncé hier la ministre des Ressources naturelles, Nathalie Normandeau.

La semaine dernière, le ministre de l'Environnement, Pierre Arcand, a adopté la recommandation du BAPE et lancé une étude environnementale stratégique (EES) sur les gaz de schiste. Il interdisait toute nouvelle fracturation dans un puits de gaz de schiste, à moins que celle-ci ne serve à acquérir des connaissances et ne soit approuvée par le comité de l'EES. Cette restriction valait seulement pour les basses terres, où sont situés les 29 puits actuels. Elle s'étend maintenant à l'ensemble du Québec. Et elle vaut autant pour la fracturation de roche des gisements de pétrole ou de gaz de schiste.

Pourquoi la ministre Normandeau, dont le Ministère a été sévèrement critiqué dans le rapport du BAPE, étend-elle cette interdiction une semaine après l'annonce de M. Arcand? «Il n'y a pas de stratégie, d'astuce», assure-t-elle. Mme Normandeau dit agir par «souci de cohérence».

La compagnie Pétrolia a déjà annoncé qu'elle voudrait faire de la fracturation dans un gisement de l'île d'Anticosti. D'autres demandes pourraient être formulées, selon la ministre Normandeau. Elle indique avoir donc voulu éviter le «deux poids, deux mesures».

Mme Normandeau s'est toutefois dite «complètement en désaccord» avec les critiques du BAPE sur les droits reçus par Québec sur le gaz de schiste. Le BAPE a souligné que Québec obtenait 10 cents par hectare, soit immensément moins que les 500 dollars par hectare en Alberta. La ministre accuse le BAPE de comparer des pommes avec oranges. Le potentiel albertain était connu, l'industrie y opère depuis plus de 50 ans et plus de 15 000 puits y ont été forés, ce qui n'aurait rien à voir, soutient-elle, avec les 29 puits du Québec.