La quantité de mercure dans l'océan Pacifique augmente depuis 120 ans vraisemblablement en raison des activités humaines, selon une analyse de plumes d'Albatros à pattes noires, menacés par ce neurotoxique, affirme une étude de chercheurs américains publiée lundi.

«Ces plumes d'oiseaux représentent d'une certaine façon la mémoire de l'océan et les résultats de nos analyses sont comme une photographie de la pollution au mercure dans le passé et le présent dans le Pacifique», explique Michael Bank, un chercheur de l'université Harvard.

Les auteurs de l'étude ont ainsi étudié l'évolution des concentrations de mercure en utilisant des plumes d'oiseaux vivants, mais aussi d'oiseaux naturalisés appartenant à des collections de musées d'histoire naturelle aux Etats-Unis parfois vieilles de 120 ans (1880 à 2002).

Leur constat montre que la situation dans le Pacifique «suscite de sérieuses inquiétudes environnementales, car cette région abrite plus d'espèces d'oiseaux marins menacés que les autres», indique Anh-Thu Vo, de l'Université de Californie à Berkeley, principal auteur de cette communication parue dans les Annales de l'Académie nationale américaine des sciences.

Les hauts niveaux de méthylmercure -forme la plus toxique du mercure- mesurés sur des échantillons de plumes d'albatros «pourraient saper les efforts de préservation de ces espèces d'oiseaux en danger», ajoute le Pr Bank.

«Nous commençons à détecter des concentrations élevées de méthylmercure (...) dans tous les écosystèmes: marins, d'eau douce et terrestres», s'inquiète-t-il, et cela pourrait constituer «des facteurs importants dans le déclin des populations» d'espèces animales sensibles.

La consommation de poissons du Pacifique contenant de fortes concentrations de mercure peut être mauvaise pour la santé, souligne-t-il. L'exposition au mercure, rare dans la population, peut avoir de sérieuses conséquences sur le développement du système nerveux et cérébral des enfants.