Un réacteur nucléaire a été autorisé mercredi à redémarrer au Japon, pour la première fois depuis la catastrophe de Fukushima provoquée le 11 mars par un séisme et un tsunami géant.

Le réacteur numéro 3 de la centrale Tomari, installée sur l'île de Hokkaido (nord), «a été remis en exploitation commerciale à 16H00 (07H00 GMT) après avoir obtenu le feu vert des autorités», a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'opérateur, Hokkaido Electric Power (Hepco).

Le gouverneur de Hokkaido, Harumi Takahashi, a de son côté indiqué qu'elle avait discuté avec les quatre municipalités concernées par la centrale et qu'il n'y avait «aucune objection» au redémarrage du réacteur.

Près des trois-quarts des 54 réacteurs nippons sont actuellement à l'arrêt pour maintenance ou par mesure de sécurité, alors que de plus en plus de Japonais se disent opposés à leur redémarrage, en raison des risques de séisme ou de tsunami.

Le Premier ministre de centre-gauche, Naoto Kan, s'est lui-même prononcé en faveur d'un abandon progressif de l'électricité d'origine nucléaire et d'un recours aux énergies renouvelables.

Élu il y a plus d'un an, mais crédité aujourd'hui d'un taux de mécontentement record dans l'opinion, M. Kan, 64 ans, devrait toutefois quitter le pouvoir à la fin du mois. L'actuel ministre des Finances, Yoshihiko Noda, est donné favori pour lui succéder.

Le puissant ministère de l'Économie, du Commerce et de l'Industrie (Meti) est, lui, favorable à la remise en exploitation commerciale des réacteurs ayant satisfait aux tests de sûreté imposés par le gouvernement.

Hepco maintenait le réacteur 3 en activité depuis le 7 mars, mais n'avait pas officiellement relancé les opérations commerciales en raison de la catastrophe de Fukushima.

L'Agence de sûreté industrielle et nucléaire (Nisa), qui dépend du Meti, a indiqué que les derniers tests avaient été achevés la semaine dernière à la centrale Tomari.

Depuis l'accident survenu à la centrale Fukushima Daiichi, le plus grave après la catastrophe de Tchernobyl en 1986, le ministère de l'Économie est la cible de critiques pour sa promotion de l'industrie nucléaire et ses tentatives de manipulation de l'opinion.

Le chef du Meti, Banri Kaieda, dont les relations avec le premier ministre se sont détériorées au cours des derniers mois, a annoncé au début du mois qu'il allait faire le ménage dans son ministère en limogeant trois hauts responsables du secteur de l'énergie.

M. Kan a critiqué les liens étroits unissant le Meti et le secteur de l'industrie énergétique, qui offre des postes confortables à de hauts fonctionnaires partant à la retraite.

La population nippone, traumatisée par l'accident de Fukushima et ses conséquences sur l'environnement, souhaite désormais en majorité la fermeture des centrales nucléaires, indiquent de récents sondages.

La méfiance de l'opinion s'est encore intensifiée après la révélation de tentatives de manipulation de la part de l'Agence de sûreté nucléaire et industrielle, soupçonnée d'avoir demandé aux compagnies d'électricité de mobiliser leurs employés pour poser des questions favorables à l'énergie nucléaire lors de forums ouverts au public.

L'agence a pour mission de superviser l'énergie nucléaire et non pas d'en faire sa promotion.

Le gouvernement a annoncé son intention de détacher la Nisa du Meti afin d'augmenter son indépendance et de renforcer son efficacité.