Le biologiste québécois Pierre Dansereau, un des pères de l'écologie moderne, est décédé hier, six jours avant d'atteindre 100 ans.

Disciple du frère Marie-Victorin, M. Dansereau a formé des générations de scientifiques. Le pavillon des sciences de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) lui est d'ailleurs dédié.

Né le 5 octobre 1911 à Montréal, il fut l'un des premiers au monde à s'intéresser à l'écosystème dans son ensemble. Après des études au Collège Sainte-Marie à Montréal, il passe deux ans à voyager avant de s'inscrire à l'Institut agricole d'Oka, qui est alors la faculté d'agronomie de l'Université de Montréal.

Selon les textes publiés à l'occasion d'une exposition en l'honneur de M. Dansereau à l'UQAM, son étude de l'écologie de l'érablière laurentienne au début des années 40 lui vaut sa renommée de biologiste. Il est alors assistant directeur du Jardin botanique de Montréal.

Ses recherches dans les années 50 sur la dynamique des forêts mèneront à l'introduction d'éléments nouveaux dans la vision de l'écologie et en 1957, à la publication de l'ouvrage Biogeography: An Ecological Perspective. Première synthèse des connaissances à être réalisée en écologie, le livre «est à la base de la renommée mondiale de son auteur et demeure aujourd'hui encore un ouvrage de référence important», selon l'UQAM. À l'époque, il enseigne à l'Université de Montréal, à l'Universidade do Brasil et à l'University of Michigan.

«Vers les années 60, Pierre Dansereau intègre à son oeuvre les notions d'écodéveloppement et d'écodécision. La diffusion de ces nouvelles notions fait de lui un précurseur de ce qu'est aujourd'hui le développement durable.»

Professeur à l'UQAM dès 1972, il continue d'enseigner et d'y faire de la recherche jusqu'à l'âge de 93 ans, en 2004.

Loin d'être cantonné dans la science, M. Dansereau a côtoyé plusieurs de ceux qui se sont opposés au régime de Maurice Duplessis, comme Pierre Elliott Trudeau, Maurice Sauvé, Jean Marchand, Gérard Pelletier et André Laurendeau.

L'approche scientifique de M. Dansereau l'a porté à s'engager dans plusieurs dossiers concrets. Il a notamment publié en 1971 une des premières grandes études d'impacts écologiques au Québec portant sur le projet de l'aéroport de Mirabel.

Nature Québec a rappelé qu'il «a inspiré le mouvement environnemental québécois et qu'il était un ardent défenseur de l'environnement sur le terrain».

«Il a su nous faire prendre conscience de l'univers à la fois fascinant et complexe des relations qui unissent les êtres vivants et leur milieu», a dit le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand.