Le Rainbow Warrior III, nouvelle embarcation ultra-moderne de l'organisation écologiste Greenpeace, a navigué pour la première fois mercredi dans le Nord de l'Allemagne, avant de partir sur les mers du monde faire la chasse aux «criminels environnementaux».

Vingt-six ans après le plasticage du premier Rainbow Warrior par les services secrets français au large de la Nouvelle-Zélande, le nouveau vaisseau amiral de l'ONG, sorti des chantiers navals proches de Brême, a remonté la rivière Weser vers le port allemand de Bremerhaven.

Il devait rejoindre Hambourg (nord) jeudi puis Amsterdam le 28 octobre.

À 16H00 précise, des employés de l'ONG ont commencé à tirer les grosses cordes vertes qui retenaient à quai l'embarcation de 58 m de long tandis que retentissait une corne de brume.

«C'est un beau bateau et tout marche pour le mieux, c'est fantastique!» s'enthousiasme dans la cabine de pilotage le capitaine, Joel Stewart, un Américain qui travaille depuis 22 ans pour l'ONG.

Après une tournée de présentation en Europe, le bateau doit effectuer sa première mission le long des côtes américaines avant de descendre le fleuve Amazonie au Brésil. Objectif: dénoncer le réchauffement climatique et inciter les grandes puissances, Etats-Unis en tête, à réduire leurs émissions de C02.

«C'est le bateau parfait pour ce genre de campagnes», souligne le capitaine. «Car c'est un voilier donc nous avons une empreinte carbone très faible», ajoute-t-il.

Fonctionnant essentiellement grâce à d'immenses voiles fixées à deux mâts de 50 mètres de haut, le bateau dispose aussi d'une propulsion «hybride»: un moteur électrique lui permettant d'atteindre 10 noeuds (18 km/h) et un moteur diesel pour monter à 15 noeuds (28 km/h).

Sur la rive, des sympathisants écologistes saluent le passage du navire avec des pétards et un message tracé dans le sable: «We will be with you» («Nous serons avec vous»).

Défenseuse acharnée de l'environnement, l'ONG a voulu un bateau conçu selon de stricts impératifs écologiques. La chaleur du moteur, par exemple, est recyclée pour chauffer les cabines et les eaux usées sont retraitées et purifiées grâce à un système biologique.

Le Rainbow Warrior III est équipé d'une piste d'atterrissage pour hélicoptère afin d'effectuer des repérages. Depuis un nid-de-pie à 50 m de haut, les bateaux pratiquant la pêche illégale peuvent être repérés jusqu'à 24 km au loin.

Comme son célèbre grand frère, le navire de 680 tonnes arbore sur sa coque verte les symboles de l'organisation, une colombe et un arc-en-ciel, «rainbow» en anglais.

Si le bateau est sorti des chantiers navals allemands Fassmer, sa coque a été construite à Gdansk (nord de la Pologne) et son port d'attache sera Amsterdam, siège de Greenpeace international.

Greenpeace avait prévu un budget de 23 millions d'euros pour la construction de son nouveau vaisseau amiral «mais nous avons finalement dépensé moins», affirme Brigitte Behrens, directrice de l'ONG en Allemagne. Son financement a été réalisé grâce à des dons. «Nous avons eu trois millions de donateurs dans le monde», poursuit-elle.

Le Rainbow Warrior II, qui n'était plus adapté aux missions de Greenpeace, a été donné à une association bangladaise. Parmi ses dernières missions figurent, en mai, des mesures sur la qualité de l'eau au large de la centrale nucléaire endommagée de Fukushima, dans le nord-est du Japon.