Cinq jours pour redonner un cap aux négociations climatiques en trouvant une suite à l'emblématique protocole de Kyoto: la conférence de l'ONU sur le climat entre à partir de lundi dans le vif du sujet à Durban.

Les États-Unis, mais aussi la Chine et l'Inde sont-ils prêts à faire, dès cette année, un pas vers des objectifs contraignants contre le CO2? Voilà le signe qu'attend l'Europe avant d'accepter de maintenir en vie Kyoto.

Pour le moment, «les États-Unis et l'Inde sont réticents», reconnaissait dimanche un négociateur européen, remarquant que la Chine le serait moins.

Après une première semaine de discussions techniques pour cerner les sujets au niveau des négociateurs, quelque 130 ministres et quelques chefs d'État arrivent cette semaine en Afrique du Sud pour arbitrer les choix et écrire l'accord qui doit être conclu au dernier jour de la conférence, vendredi.

Pour tenter de redynamiser des négociations climatiques à la peine depuis la déception du sommet de Copenhague, fin 2009, et dont le contenu ne garantit pas, à ce jour, de pouvoir contenir la hausse du thermomètre mondiale sous le seuil des 2°C, les Européens tentent un coup de poker à Durban.

Contrairement au Japon, à la Russie ou au Canada, les pays européens se disent prêts à souscrire une nouvelle période d'engagements dans le cadre du protocole de Kyoto. Ils permettraient ainsi de garder vivant le seul traité imposant des objectifs de réduction de gaz à effet de serre à une quarantaine de pays industrialisés, à l'issue de la première période qui se termine fin 2012.

Ce geste est réclamé par les pays en développement, au nom de la responsabilité historique des pays industrialisés dans le réchauffement, même si ce traité couvre désormais moins de 30% des émissions globales, car il ne fixe pas d'engagements ni aux États-Unis, ni aux grands émergents, dont la Chine.

«Imprévisible»

En contrepartie, l'Europe exige plus que jamais une «feuille de route» qui établirait les principes et un calendrier vers un nouveau traité qui, vers 2020, fixerait des objectifs contraignants à l'ensemble des pays.

«J'ai participé à 16 des 17 réunions (annuelles) depuis le début de ce processus, et c'est l'une des plus imprévisibles que j'ai connues», estime Alden Meyer, analyste au groupe de réflexion américain Union for Concerned Scientists.

Dans une arène où l'influence est souvent proportionnelle à la quantité de CO2 émis dans l'atmosphère, une inflexion venue de Chine, premier émetteur mondial devant les États-Unis, pourrait dessiner la voie d'un accord.

Une inflexion dont semblent témoigner certaines déclarations chinoises cette semaine à Durban.

«On peut raisonnablement espérer que la Chine fasse le choix d'une alliance avec l'Europe, pour réinjecter de l'ambition dans ces négociations», estime Emmanuel Guérin, qui dirige le programme énergie climat à l'Iddri (Institut français du développement durable et des relations internationales).

Reste à voir comment réagiront «les États-Unis et l'Inde, qui pour des raisons différentes, traînent un peu les pieds», ajoute-t-il.

«Notre objectif dans ces négociations ne doit pas être de lancer un nouveau processus pour un nouveau traité», a clairement indiqué devant la presse samedi le chef de la délégation indienne, Jayant Mauskar.

En début de semaine, les États-Unis ne s'étaient pas montrés beaucoup plus favorables à cette «feuille de toute», en estimant que «l'idée de mettre une forme à l'action avant (d'en définir) le contenu n'a pas beaucoup de sens».

«Oui, le processus est lent, il fruste beaucoup de gens», a indiqué à l'AFP la responsable de l'ONU sur le climat, Chistiana Figueres.

«Mais il doit être lent, car il embarque à son bord chacun des pays. Ce sera lent, mais ce sera efficace», a-t-elle ajouté, alors des milliers de personnes ont manifesté samedi à Durban pour des actions «urgentes et équitables».