Les réductions dans le budget d'Environnement Canada constituent un frein aux recherches scientifiques mondiales et remettent en cause la participation du pays dans plusieurs accords internationaux, dénoncent un groupe de chercheurs américains.

«Nous sommes préoccupés par ce qui nous apparaît être des coupes draconiennes dans le budget d'Environnement Canada», explique Ross Salawitch, professeur en sciences atmosphériques et océaniques à l'Université du Maryland.

«Le Canada ne peut pas ignorer ses obligations internationales», renchérit son collègue Raymond Hoff, professeur de physique à la même université.

Impact des coupes

Dans le dernier numéro du journal American Geophysical Unions, Raymond Hoff et ses collègues énumèrent les domaines où la collecte de données est menacée par les réductions chez Environnement Canada: recherches sur la couche d'ozone, les polluants atmosphériques et le dépôt de substances toxiques dans les Grands Lacs.

Avec le licenciement de quelque 300 scientifiques en moins d'un an, «il n'est pas clair que le Canada sera à même de remplir ses obligations internationales [en matière de prise de données]», écrivent les chercheurs.

Pour illustrer l'impact des coupes, le professeur Hoff donne l'exemple de CORALNet, un réseau de stations canadiennes utilisées notamment pour analyser la provenance de polluants dans l'air. Le site internet où les données du réseau étaient publiées a récemment disparu. «À ma connaissance, il n'y a jamais eu de discussions pour stopper la collecte de données», explique-t-il, confus. «J'ai essayé de contacter mes collègues à Environnement Canada, mais ils ont eu la consigne de ne pas répondre aux questions de l'extérieur.»

L'inquiétude est tout aussi grande pour la recherche sur la couche d'ozone. «La collecte de donnée est ce sur quoi notre science repose», souligne Jennifer Logan, cosignataire de l'article et chercheuse en chimie de l'atmosphère à l'Université Harvard. La scientifique souligne que les données menacées par les coupes sont à l'origine de la découverte en octobre 2011 du plus grand trou dans la couche d'ozone enregistré en Arctique.

Réactions

«Je suis profondément inquiète que les observations et la recherche [...] puissent être sérieusement en péril en raison des coupes budgétaires actuelles», a réagi la porte-parole libérale en matière d'environnement, Kristy Duncan.

Même son de cloche au NPD. «Il faut prendre ça au sérieux. Les scientifiques ne s'immiscent que très rarement dans le monde politique», soutient Megan Leslie, critique en environnement. «Les coupes chez Environnement Canada affectent la communauté internationale et nous donnent mauvaise réputation», ajoute-t-elle.