Six ans après son annonce et quatre ans après son entrée en vigueur projetée, le projet de resserrement des normes énergétiques de construction a finalement été dévoilé hier par le gouvernement du Québec.

Une annonce qui a été accueillie avec autant de soulagement que d'enthousiasme par les principaux intervenants du secteur.

Ces nouvelles normes feront l'objet d'une consultation de 45 jours à partir du 22 février, en vue d'une adoption en juillet prochain.

La réglementation reprend pour l'essentiel la norme Novoclimat et permet d'économiser environ 25% d'énergie.

Selon le ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, Pierre Arcand, il s'agit du dernier élément du Plan d'action sur les changements climatiques 2006-2012.

Mais cet élément devait être mis en place en 2008. Dans l'intervalle, environ 150 000 maisons et logements moins efficaces ont été construits. «Les retards du gouvernement à respecter ses engagements de 2006 ont déjà coûté 63 millions de dollars aux citoyens en frais de chauffage supplémentaires, affirme la Fondation Rivières. Ce gaspillage d'électricité équivaut, pour chaque année, à celle de quatre petites centrales hydroélectriques telles que celle de Shannon sur la rivière Jacques-Cartier, du magnifique canyon de la rivière Sainte-Anne-du-Nord, du parc régional de la chute de Val-Jalbert sur la rivière Ouiatchouane ou du parc des chutes de Sainte-Ursule, sur la rivière Maskinongé.»

En conférence de presse, M. Arcand a attribué le retard de quatre ans de l'adoption de ces normes au fait qu'il y avait «beaucoup d'intervenants» dans ce dossier. «En principe, tout le monde est pour, mais le diable est dans les détails», a-t-il dit.

Bon nombre d'organismes ont bien accueilli l'annonce, tout en soulignant qu'elle était attendue depuis longtemps, notamment l'Ordre des architectes, l'organisme Vivre en Ville, Équiterre et Écohabitation.

L'Association provinciale des constructeurs d'habitations (APCHQ) était absente, son directeur de l'expertise technique, André Gagné, invoquant un emploi du temps chargé. «On n'est pas contre, on est plutôt pour, a-t-il dit. On parle de 3000 à 5000$ de plus sur un bâtiment de 100 mètres carrés avec sous-sol.» Mais il n'est pas sûr que, comme l'a affirmé le ministre, ces coûts se remboursent en 3 ou 4 ans. «Juste l'exigence d'avoir l'isolant en dessous de la dalle, c'est 1000$, dit-il. Sur ce point, le retour sur l'investissement est de 30 ans.»