Le gouvernement Charest dit officiellement attendre un rapport d'Hydro-Québec avant de déterminer s'il rénovera ou fermera la centrale Gentilly-2. Mais sa ministre de l'Emploi, Julie Boulet, se dit déjà en faveur de la rénovation.

La députée de Laviolette a participé lundi à une mobilisation pour la réfection de la seule centrale nucléaire du Québec. La nouvelle campagne porte le nom de «Gentilly-2, c'est notre économie». Plusieurs élus municipaux de la Mauricie s'y sont ralliés. La campagne a été lancée à trois jours de la visite du premier ministre Charest dans la région.

La centrale Gentilly-2 fournit environ 3% de l'électricité québécoise. La fin de la durée de vie de ses réacteurs est prévue pour l'été 2013 et Québec doit choisir entre sa réfection et sa fermeture. Avant de trancher, le gouvernement attend de consulter deux rapports. Le premier, de la Commission canadienne de sûreté nucléaire, réévaluera les risques des centrales nucléaires à la suite de la catastrophe à Fukushima, l'année dernière au Japon. Il doit être déposé au printemps.

Le second, d'Hydro-Québec, exposera les coûts et les autres enjeux de la réfection. Celle de la centrale soeur de Gentilly-2, à Point Lepreau, au Nouveau-Brunswick, a engendré des dépassements de coûts de 50%, soit environ 1 milliardde dollars, et des retards de trois ans.

Environ 2 milliards

La réfection de Gentilly-2 coûterait environ 2 milliards, selon les estimations provisoires. Plus de 800 emplois sont en jeu, soutient la Fédération des chambres de commerce du Québec, qui participe au groupe pronucléaire. «C'est important pour l'économie, pour diversifier notre portefeuille énergétique et aussi pour conserver l'expertise du Québec dans le nucléaire», soutient sa PDG, Françoise Bertrand.

Le mouvement Sortons le Québec du nucléaire s'attaque à ces prétentions. Le calcul de la réfection n'inclut pas le coût du traitement des déchets radioactifs, dénonce son porte-parole, Michel Duguay, professeur de génie électrique à l'Université Laval. Il ajoute qu'on oublie de parler des retombées de la fermeture - 400 emplois et 13 millions de dollars par année, pendant plus de 10 ans, selon une étude du mouvement antinucléaire.

Selon le rapport annuel 2009 d'Hydro-Québec, la fermeture coûterait près de 1,5 milliard de dollars (914 millions pour la fermeture et 598 millions pour l'évacuation des combustibles).

La sécurité de Gentilly-2 inquiète aussi l'ingénieur. «Elle ne respecte même pas les nouvelles normes du Code du bâtiment pour les tremblements de terre», lance-t-il.

M. Duguay souligne que Québec devrait utiliser l'argent économisé avec la fermeture pour investir dans l'éolien et le photovoltaïque, deux énergies renouvelables.

Le Parti québécois, Québec solidaire et Option nationale sont aussi pour la fermeture de Gentilly-2. La Coalition avenir Québec n'a pas encore pris position.