Après avoir documenté les changements climatiques en Arctique et en Antarctique, le biologiste québécois Jean Lemire s'apprête à sillonner le vaste monde afin de rendre compte de la diversité et de la fragilité de la vie qu'il recèle.

Baptisée «1000 Jours pour la planète», cette nouvelle expédition à bord du voilier océanique Sedna IV entraînera le scientifique et son équipe aux quatre coins du globe durant trois ans. L'objectif de cet ambitieux projet est de témoigner de l'état de la biodiversité mondiale, menacée par la destruction des habitats naturels et par la surexploitation des ressources.

«Ce voyage est la suite logique des précédents», affirme M. Lemire en entrevue téléphonique avec La Presse Canadienne. «La biodiversité est le plus grand enjeu environnemental actuellement et nous allons vérifier sur le terrain ce qu'il en est.»

Même si le constat risque d'être alarmant, l'explorateur assure que les nombreux documentaires qui seront tirés de son périple et diffusés sur les différentes plateformes de Radio-Canada ne se concentreront pas que sur ce qui va mal.

«Il commence à y avoir une certaine mobilisation. Partout dans le monde, des gens dédient leur vie pour sauver des espèces, sauvegarder des écosystèmes et dénoncer les abus», explique le biologiste.

Il cite l'exemple d'un scientifique britannique ayant consacré 15 ans de son existence à l'iguane bleu, un reptile des îles Caïman qui était pratiquement disparu avant son intervention.

«Quand il est arrivé, il n'en restait plus que 12. Aujourd'hui, 670 iguanes ont été relâchés dans la nature», raconte l'explorateur.

Cette histoire et celles d'autres héros du même genre seront relatées dans une série documentaire en 13 épisodes intitulée «Le Sedna autour du monde: L'aventure humaine» qui, comme son nom l'indique, mettra l'accent sur les hommes et les femmes qui s'échinent à protéger la nature.

Celle-ci sera présentée sur les ondes de la télévision d'État en 2013, tout comme les trois grands documentaires réunis sous le titre «Mission biodiversité», qui feront partie de la programmation de l'émission «Découverte».

Jean Lemire compte aussi profiter de ces 1000 jours autour de la terre pour réaliser un film résolument différent de tout ce qu'il a fait auparavant: «Requiem en bleu majeur».

«Ce sera un long-métrage sans parole, entre fiction et documentaire, qui sera structuré comme une grande symphonie avec sept mouvements reprenant les sept jours de la création», révèle-t-il, manifestement très emballé. «Avec ce projet, je sors vraiment de ma zone de confort, j'ose le risque et la différence.»

En plus de tous ces documentaires, Jean Lemire proposera également au public de suivre les péripéties du Sedna IV sur le Web grâce au site radio-canada.ca/sedna. Les internautes auront notamment accès à une carte interactive permettant de voir l'itinéraire du bateau ainsi qu'à des vidéos exclusives et à du contenu scientifique.

L'expédition comprendra aussi un important volet éducatif, dont au moins 10 vidéoconférences retransmises en direct dans des écoles, de même qu'une exposition au tout nouveau Centre sur la biodiversité de l'Université de Montréal qui offrira aussi des échanges avec l'équipage en temps réel.

«Nous offrions déjà ce type d'activités il y a six ans lors de notre voyage en Antarctique, mais nous ne disposions pas d'un équipement aussi avancé que maintenant», note M. Lemire. «Avec notre nouveau système de retransmission par satellite, nous pouvons donner des présentations en qualité HD.»

C'est là l'une des nombreuses améliorations apportées au Sedna IV en prévision du voyage qu'il amorcera quelque part au printemps après trois ans de préparation.

En exploitant toutes les possibilités de rejoindre le public et de le sensibiliser au sort de la biodiversité en lui montrant toute sa beauté, Jean Lemire espère créer une vague de citoyens engagés prêts à se battre pour préserver la nature.

«Si nous arrivons à faire rêver les gens, surtout les jeunes, alors peut-être pourrons-nous les inciter à agir», conclut-il.