L'été austral ravive un grave problème de santé publique au Chili, exposé à un trou dans la couche d'ozone qui provoque une vague de cas de cancers de la peau, en augmentation de plus de 100% en dix ans.

Entre 1998 et 2008, environ 200 Chiliens sont décédés en moyenne par an d'un cancer de la peau, soit deux fois plus que lors de la décennie précédente, selon les chiffres dévoilés par la Société nationale du cancer (Conac).

Ce phénomène est directement lié à l'agrandissement du trou qui se forme durant plusieurs mois dès le printemps dans la couche d'ozone, au dessus de la zone antarctique.

Cette année, le trou est apparu plus tôt, amenuisant le pouvoir filtrant de la couche d'ozone qui protège contre les radiations solaires, selon la Direction météorologique chilienne.

«Il suffit de marcher seulement dix minutes à l'air libre pour sentir les effets du soleil : un heure plus tard, la peau rouge est le premier signe du danger qui consiste à s'exposer sans protection», indique à l'AFP la dermatologue Cecilia Orlandi, conseillère à la Conac.

Les autorités chiliennes ont intensifié les appels à la prudence auprès de la population, notamment pour les mineurs et les personnes travaillant en plein air.

«Le plus important, c'est que les Chiliens changent leurs habitudes et se mettent à prendre les mesures nécessaires pour prévenir les dangers du cancer», souligne Mme Orlandi.

Depuis 2006, une législation spéciale, appelée «la loi de l'ozone», est en vigueur dans le pays latino-américain. Elle oblige les employeurs à fournir à leur personnel des protecteurs solaires et des tenues adaptées pour contenir les rayons, chapeau à large bord et lunettes noire inclus.

Une nouvelle réglementation pénalise aussi plus durement les publicités mensongères pour les crèmes solaires de faible indice qui promettraient abusivement une «protection totale» ou un «bronzage sans risque».

La campagne gouvernementale vise surtout les enfants, les victimes les plus exposées aux radiations du soleil. Selon l'étude de la Conac, un Chilien aurait déjà, lors de l'accession à sa majorité, reçu une dose d'exposition suffisante pour le reste de sa vie.

Dans le nord du pays, les collèges ont même reçu la recommandation de ne pas organiser de séance de sports en plein air.

Pour sensibiliser les plus jeunes, la Conac a développé la fabrication d'un bracelet qui change de couleur suivant l'évolution des rayons ultra-violets, passant du blanc lorsqu'ils sont inoffensifs à l'orange quand ils deviennent particulièrement dangereux.

Le Chili a déjà lancé il y a cinq ans un système similaire, qui fonctionne avec des «feux rouges» spéciaux permettant de mesurer l'intensité des radiations. Un réseau national délivre aussi quotidiennement les données relatives au rayonnement solaire.

Les touristes ne sont pas non plus oubliés par les autorités qui ont lancé une opération de promotion pour les «plages nocturnes» de la station d'Antofgasta, à 1.300 km au nord de Santiago.

La municipalité propose ainsi des plages dotées d'une lumière artificielle afin, comme le dit une employée de la mairie à l'AFP, que «les touristes puissent profiter de l'été sans souffrir des effets de l'insolation».

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