La dislocation de l'immense plaque glaciaire de Wilkins dans l'Antarctique risque de menacer la stabilité des glaciers qui l'alimentent, s'inquiète le Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans un communiqué diffusé mardi.

Selon le PNUE, «l'effondrement du pont reliant la plaque glaciaire de Wilkins ne devrait pas avoir de conséquence directe sur le niveau de la mer» et son élévation.

En revanche, prévient Christian Lambrechts, responsable de la division Alerte précoce du PNUE, il «pourrait avoir un impact indirect, la désintégration de la barrière de glace risquant de menacer la stabilité des glaciers qui l'alimentent».

L'effondrement du pont de glace reliant cette plaque à l'Antarctique va se traduire par «une expansion de la surface de mer qui absorbera ainsi une partie plus importante des rayonnements du soleil, et contribuera à l'accélération du réchauffemnent climatique», au lieu de la glace qui réfléchit les rayons et les renvoie vers l'espace, a-t-il ajouté.

Ce pont de glace s'est en partie disloqué, menaçant de provoquer le détachement de nombreux icebergs de la taille d'un immeuble, a averti le week-end dernier l'Agence spatiale européenne (ESA).

Des photos satellite de l'ESA montrent que ce pont de glace de 40 km de long, entre la plaque Wilkins et les îles Charcot et Latady, s'est réduit à un ruban de 500 m de large à son point le plus étroit et que de nombreuses failles apparaissent le long des rives.

Les scientifiques surveillent cette plaque glaciaire depuis plusieurs années, certains considérant qu'elle joue le rôle de baromètre du changement climatique qui affecte l'Antarctique plus sévèrement que les autres régions du monde: en 50 ans, la température moyenne de l'Antarctique a gagné 2,5°C contre 0,5°C en moyenne mondiale.

La plaque Wilkins, de la taille de la Jamaïque, environ 16.000 km2, est en constante régression depuis le début des années 1990.

En 2008, elle avait perdu environ 1.800 km2, soit 14% de sa surface, précise l'ESA.