Le seuil maximal de 2°C de réchauffement global, que s'apprêtent à reconnaître les pays du G8 et le Forum des principales économies (MEF) réunis en sommet à L'Aquila en Italie, sera difficile à tenir et modifierait profondément le climat de la Terre.

Cette limite des 2°C (par rapport aux niveaux pré-industriels de la fin du XVIIIe siècle) a déjà été approuvée par 124 pays dont ceux de l'Union européenne. Elle implique de diviser «au moins par deux les émissions mondiales d'ici à 2050 et plus sûrement par trois pour se donner de bonnes chances», estime le climatologue français Jean Jouzel, l'un des responsables du GIEC, le Groupe d'experts sur le climat mandaté par l'ONU.En un siècle, le thermomètre mondial a déjà gagné 0,74°C du fait des émissions de gaz à effet de serre (GES) passées et de l'inertie du système, qui permet au CO2 de rester stocké plusieurs centaines d'années dans l'atmosphère.

Or, les émissions mondiales ont augmenté trois fois plus vite entre 1997 et 2007 que pendant la décennie précédente. Mais pour celles-ci, le réchauffement ne s'est pas encore concrétisé.

Même limitée à 2°C, la hausse reste douloureuse.

À titre de comparaison, la canicule de 2003 en Europe occidentale (70.000 morts en six semaines) correspondait à des températures d'à peine 6°C au-dessus des moyennes saisonnières.

«Deux degrés de plus, c'est un climat totalement différent et le risque d'effets irréversibles, avec notamment des impacts importants sur l'élévation du niveau des océans», insiste Jean Jouzel.

Les climatologues rappellent que seuls 4 à 6 degrés de moyenne mondiale nous séparent de la dernière période glaciaire il y a 20.000 ans. Et qu'à l'époque, la calotte glaciaire descendait jusqu'en Ecosse.

Selon les dernières projections du Massachusetts Institute of Technology (MIT), publiées en mai, faute de réduction drastique des émissions, l'hypothèse moyenne de réchauffement serait de +5,2°C à la fin du siècle, soit plus du double de ses propres projections réalisées en 2003.