Les poissons des eaux européennes ont perdu la moitié de leur masse corporelle en l'espace de quelques décennies sous l'effet du changement climatique, selon une étude de l'institut français Cemagref publiée lundi.

Les chercheurs de cet institut public spécialisé dans la gestion durable des eaux et des territoires ont étudié les populations de poissons dans les rivières européennes, ainsi qu'en mer du Nord et en mer Baltique.

Leur conclusion, publiée dans la revue Proceedings of the National Academy of Sciences est que les différentes espèces de poissons ont perdu en moyenne 50% de leur masse corporelle au cours des 20 à 30 dernières années et que la masse totale des poissons présents dans les eaux européennes a baissé de 60%.

Les espèces les plus petites tendent en effet à prendre proportionnellement une place plus importante dans les mers et les cours d'eaux, a expliqué à l'AFP le principal auteur de l'étude, Martin Daufresne.

Les chercheurs savaient déjà que les eaux plus chaudes sont généralement habitées par des espèces plus petites. Et que le réchauffement des eaux a eu des conséquences sur les flux migratoires et les habitudes de reproduction des poissons. Mais l'impact du rétrécissement des poissons est «énorme», estime M. Daufresne. Les poissons plus petits pondent ainsi moins d'oeufs et sont à l'évidence des proies plus petites pour leurs prédateurs, y compris l'homme, d'où des conséquences graves pour la chaîne alimentaire et l'écosystème.

Même si la surpêche a un impact sur la diminution de la taille des poissons, «cela n'est pas la seule raison», observe le chercheur. «Notre étude établit que la température joue un rôle majeur».