Les changements climatiques ont déjà des répercussions importantes sur la végétation dans le Haut Arctique.

Dans cette région où l'on trouvait autrefois de la toundra rocailleuse, la végétation se transforme et devient de plus en plus verte, ce qui occasionne un autre phénomène qui pourrait accélérer le réchauffement climatique.

C'est ce que révèle une nouvelle étude réalisée par le géographe de l'Université de la Colombie-Britannique, Greg Henry, et qui sera publiée dans le numéro de novembre du journal Ecology.

Le géographe confirme, pour la première fois, que les températures en hausse dans l'Arctique créent des changements majeurs chez les plantes qui y poussent.

M. Henry s'est rendu pour la première fois à Alexandra Fiord, situé sur la côte est de l'île d'Ellesmere, en 1980, pour examiner les plantes qui y vivent. Il y a trouvé un paysage terrestre couvert de petites plantes ne dépassant pas dix centimètres.

Depuis, les températures moyennes dans la région ont augmenté d'environ 2,5 celcius, ce qui représente, aux yeux du géographe, «un changement extrêmement rapide».

Ce temps chaud a changé la donne, puisque le nombre total de plantes qui poussent a doublé. Dans les zones humides, cette masse a triplé depuis le début des années 1980. Les plantes qui atteignaient à peine les chevilles des chercheurs touchent désormais leurs tibias.

Et la biomasse souterraine dans les zones humides s'est multiplié par 10.

Cela a des conséquences sur le rythme de croissance des plantes, a expliqué M. Henry. Elles poussent beaucoup plus rapidement et les fleurs éclosent également beaucoup plus tôt.

Toutefois, les conséquences de ces changements demeurent inconnues, selon le géographe. «Est-ce que toutes les parties du système pourront s'adapter aux changements extrêmement rapides des températures?» a-t-il demandé.

Il a notamment expliqué que ces changements peuvent affecter les habitudes alimentaires de certaines espèces animales, comme le caribou, qui dépend, pour se nourrir, du lichen et de la mousse, qui pourrait se raréfier.

Les changements observés à Alexandra Fiord sont similaires à ceux observés dans une autre étude menée par le géographe à une plus grande échelle sur la toundra.

Ainsi, ce qui se passe sur l'île d'Ellesmere pourrait se généraliser dans le monde polaire. Si tel est le cas, M. Henry affirme que la nouvelle toundra, plus touffue et dense, pourrait accélérer les changements climatiques parce que la végétation est plus foncée et absorbe ainsi plus d'énergie solaire. Cela est l'équivalent, selon certaines recherches, de doubler la quantité de dioxyde de carbone dans l'atmosphère.