Plus de 4000 citoyens de 38 pays riches ou en développement, consultés simultanément samedi sur le changement climatique, ont jugé à 90% «urgent» de conclure un accord mondial contre le réchauffement en décembre à Copenhague.

«Si l'on croyait que les questions d'environnement et de climat n'étaient qu'un problème de riches, on a ici la démonstration du contraire», commentait mardi Stéphane Hallegatte, économiste du Centre de recherche sur l'environnement et le développement (CIRED) à Paris. À l'initiative du Danemark, une centaine de participants dans chaque pays préalablement sélectionnés et formés, se sont réunis lors de tables rondes pour répondre à un questionnaire unique et émettre leurs recommandations aux décideurs.

Selon les résultats publiés sur le site World Wide Views (www.wwviews.org), l'inquiétude est encore plus perceptible dans les pays en développement (80%) que parmi les mieux lotis (46%), les citoyens des premiers ne cherchant d'ailleurs pas à exonérer leur pays des efforts à conduire.

Ainsi, les représentants des pays en développement ont considéré à 76% que leur pays devait s'associer aux efforts de réduction des émissions des gaz à effet de serre des pays industrialisés, au fur et à mesure que leurs revenus et leurs émissions augmenteraient (49%).

Cette formulation, qui concerne les grandes économies émergentes, reçoit l'approbation de 43% des Chinois et de 53% des Indiens.

Les sept tables rondes organisées aux États-Unis montrent que les Américains approuvent à 56% un objectif de réduction des émissions «de 25 à 40%» en 2020 par rapport à 1990 dans les pays industrialisés». Un tiers (31%) seraient même prêts à viser plus de 40% de réduction, alors que l'administration Obama, sous la pression du Congrès, s'en tient à un objectif de moins 5% en 2020.

Daniel Boy, de l'Institut de sciences politiques de Paris, relève l'absence de surenchère de la part des citoyens des pays pauvres, qui préconisent à 56% une réduction réaliste (moins 25 à moins 40% des émissions) pour les pays riches, pourtant responsables de l'essentiel de la pollution passée.

Dans les pays industrialisés, 61 % sont partants pour un objectif d'au moins 40% de réduction des émissions.

Les positions divergent par contre sur les moyens de contenir les émissions polluantes: «Tout le monde est d'accord pour sauver la planète, mais on est un peu moins nombreux quand il s'agit de payer son essence plus cher», souligne Stéphane Hallegatte.

Ainsi, à la question «Pensez vous que le prix des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) devrait être augmenté?», 36% des intervenants français répondent non.

Pour le climatologue français Hervé Le Treut, «les questions qui étaient posées, à l'articulation de la science et de l'engagement citoyen, prouvent la nécessité d'impliquer les populations dans le débat. Maintenant qu'on rentre dans le «dur», estime-t-il, il est temps de sortir de la simple incantation».