La délégation japonaise à la Conférence des Nations unies sur le climat a lancé un pavé dans la mare dès son arrivée à Cancun, en tournant le dos au protocole de Kyoto, signé dans la ville impériale en 1997.

«Même si la prolongation du protocole de Kyoto devient un enjeu majeur à Cancun et que le Japon se trouve isolé à ce sujet, le Japon ne l'appuiera pas», a affirmé Hideki Minamikawa, vice-ministre des affaires environnementales mondiales du Japon, cité par le quotidien Japan Times.

«Le plus gros problème est qu'on n'a pas d'entente sur un cadre qui verrait participer tous les grands émetteurs», a dit M. Minamikawa.

Cette prise de position a rapidement suscité des réactions.

«C'est la nouvelle plus choquante de la journée», a indiqué Steven Guilbeault, d'Équiterre, joint par La Presse. Il a rappelé que la quasi-totalité des pays en voie de développement veulent continuer de tenir les pays riches responsables de la pollution passée qui influe déjà sur le climat.

«Le Japon a coupé l'une des lignes de sauvetage dans la lutte contre les changements climatiques, a déclaré Tim Gore, conseiller en matière de climat à Oxfam. Les gens pauvres de la planète sont aux prises avec plus de sécheresses et d'inondations et ont besoin que le monde renforce les cadres contraignants du protocole de Kyoto, et non le contraire.»

Même si plusieurs pays, dont le Canada, ont exprimé de fortes réticences à l'idée de prolonger le protocole de Kyoto, l'annonce du Japon représente un premier rejet inconditionnel.

Le Canada, champion fossile

L'inaction et les reculs du Canada en matière de lutte contre les changements climatiques lui ont valu les trois prix Fossile attribués aujourd'hui par le Climate Action Network (CAN). Cette coalition de 400 organismes qui suivent la diplomatie du climat accorde trois prix Fossile par jour et couronnera un champion à la fin de la conférence.

Le CAN rappelle que, en janvier dernier, le Canada a renoncé à l'objectif de réduction déjà faible qu'il venait de se fixer à la conférence de Copenhague pour en adopter un plus faible encore, ce qui lui vaut le troisième prix.

Le deuxième prix lui a été décerné pour avoir réduit le financement de plusieurs programmes, dont celui de la science du climat, en plus d'avoir tenté de contrer les efforts du gouvernement des États-Unis, qui voulait réduire sa consommation de pétrole «sale» comme celui des sables bitumineux.

Enfin, le premier prix revient lui aussi au Canada, pour avoir fait mourir au Sénat un projet de loi qui aurait fixé des cibles précises de réduction des émissions de gaz à effet de serre pour 2020. Le groupe international ne manque pas de signaler au monde entier que le Sénat du Canada n'est pas élu.