Des membres de groupes industriels ou écologistes peuvent-ils être auteurs de rapports du Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat (GIEC), qui conseille les Nations unies sur les changements climatiques? C'est la question que posent de nombreux observateurs devant une nouvelle controverse sur les travaux du GIEC.

Au début du mois de mai, le groupe no 3 du GIEC a publié un rapport sur la possibilité de ralentir le réchauffement de la planète avec des énergies renouvelables. En fait, seuls le résumé et un communiqué de presse ont été publiés à ce moment -le rapport complet l'a été en juin. Le communiqué de presse commençait avec un scénario dans lequel 80% des besoins énergétiques seraient comblés par des sources renouvelables dès 2050.

Quand le rapport a été publié au complet, un «climatosceptique» torontois, Steve McIntyre, a remarqué que ce scénario optimiste faisait partie d'un rapport de Greenpeace. Or, l'un des auteurs de ce chapitre du rapport du GIEC, Sven Teske, est non seulement membre de Greenpeace, mais il est aussi l'auteur du rapport de Greenpeace.

La blogosphère climatosceptique y a vu un autre exemple de la manipulation de la science par le GIEC, après le Climategate en Grande-Bretagne -la publication de courriels entre scientifiques pouvant laisser croire qu'ils exagéraient le réchauffement de la planète- et la découverte d'erreurs dans d'autres rapports du GIEC.

La revue Nature Climate Change fait le point sur la question cette semaine. «Le problème, c'est que les trois groupes du GIEC n'ont pas la même définition d'un conflit d'intérêts», explique Mark Lynas, journaliste scientifique britannique qui publie l'un des deux commentaires de Nature Climate Change. «Le groupe no 1, qui s'occupe surtout des sciences dures, a décrété qu'un membre d'une ONG impliqué dans les questions climatiques ou énergétiques ne pouvait être auteur principal d'un rapport. Mais les groupes nos 2 et 3 n'ont pas encore défini ce que serait une situation de conflit d'intérêts. Si on applique la norme du groupe no 1 au cas de Sven Teske, c'en est certainement une.»

M. Nymas note que le rapport de Greenpeace tirait ses chiffres d'une étude publiée en bonne et due forme dans une revue après révision par un comité de pairs. Et que d'autres auteurs du rapport du GIEC sont membres d'ONG industrielles. «Mais il faut éviter de prêter le flanc aux climatosceptiques. Le fait que les références n'ont pu être consultées qu'un mois après le fameux communiqué de presse, lors de la publication du rapport complet du GIEC, donne encore plus l'impression qu'il y a quelque chose de pas clair dans tout ça.»