Des dizaines de milliers de jeunes ont marché, manifesté et scandé des slogans dans de nombreuses villes du Québec vendredi pour réclamer des actions concrètes pour le climat, se joignant ainsi au mouvement de mobilisation mondial.

Plus de 150 000 étudiants québécois avaient débrayé dans ce but.

Leurs actions concertées ont eu lieu à Montréal, Québec, Saguenay, Joliette, Rimouski, Baie-Comeau, Sherbrooke, Gaspé, Sept-Îles et bien d'autres villes. Certains ont défilé dans les rues, alors que d'autres se sont rassemblés à des endroits jugés stratégiques, comme une institution d'enseignement ou l'hôtel de ville.

Les étudiants voulaient aussi dénoncer l'immobilisme des gouvernements et exiger d'eux plus d'action pour empêcher le réchauffement de la planète.

Au cours des dernières semaines, les associations étudiantes de nombreux cégeps et universités ont tenu des votes de grève afin de se joindre à cette initiative planétaire qui fait boule de neige.

Des élèves montréalais ont même forcé la suspension de leurs cours, en formant des chaînes humaines autour de leurs écoles secondaires. D'autres ont fait l'école buissonnière pour rejoindre les manifestations.

On voyait surtout des jeunes déambuler, mais il y avait aussi des enseignants faisant partie du mouvement « Les Profs pour la planète » et des citoyens qui, sans être sur les bancs d'école, étaient présents pour soutenir les jeunes et leurs revendications.

« Ce ralliement avait pour but de rappeler à quel point il est urgent d'agir pour contrer les changements climatiques ; une urgence qui, depuis trop longtemps, reste ignorée des responsables politiques », a fait savoir par communiqué le collectif « La planète s'invite à l'Université », l'un des instigateurs des manifestations.

À Montréal et à Québec notamment, des marches se sont mises en branle en début d'après-midi. Celle de la métropole a rassemblé le plus grand nombre de personnes, et elle s'est déployée au rythme des tambours qui étaient en tête de file.

« Crions plus fort, pour que personne ne nous ignore », pouvait-on entendre dans les rues de ces deux villes.

Car « il n'y a pas de planète B », ont écrit plusieurs sur des affiches brandies à bout de bras. Sur d'autres pancartes, à travers les drapeaux et les banderoles, on pouvait lire « l'alarme climatique a sonné » ou encore « rejoins le côté vert de la force ».

« Pourquoi la grève ? Parce que ça démontre que nous, les étudiants, sommes prêts à nous mobiliser pour exiger une responsabilisation de nos institutions gouvernementales et scolaires face à l'urgence climatique. Parce que le temps est à la crise et qu'il est plus que temps d'entamer ce débat de société. Et, surtout, parce que nous avons encore le choix de rester spectateurs de l'inaction de nos gouvernements ou d'agir. Alors, pourquoi la grève ? Je répondrais plutôt : pourquoi pas ! » a dit Camille Poirot, étudiante à l'Université Laval, dans le communiqué transmis par le collectif « La planète s'invite à l'Université ».

Des politiciens se sont joints aux jeunes, mais pas le ministre de l'Environnement du Québec, Benoit Charette, ni la ministre fédérale Catherine McKenna. Ils ont toutefois dit se réjouir de l'engagement des jeunes pour la planète, Mme McKenna ajoutant même que tous devraient les imiter.

Vendredi, le premier ministre du Québec, François Legault, s'est dit content de voir des jeunes de tous les pays manifester pour que les citoyens s'intéressent à la réduction des gaz à effet de serre (GES).

« Moi je suis content du message envoyé par les jeunes, pas juste au Québec, mais partout dans le monde parce qu'on habite tous sur la même planète. C'est un effort qu'on doit faire ensemble », a-t-il dit lors d'un événement à Bromont.

Car cet objectif ne peut être atteint si une seule province canadienne ou un pays fait des efforts, a-t-il souligné.

Les jeunes demandent notamment aux gouvernements d'adopter une loi climatique pour limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius.

Le Collectif « La planète s'invite à l'Université » exige aussi le respect des cibles recommandées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), par la réduction des émissions mondiales de CO2 de 50 % d'ici 2030 et la réduction de près de 50 % des émissions de méthane d'ici 2050.

Le premier ministre Justin Trudeau a assuré vendredi soir qu'il avait entendu tous ceux qui ont marché dans les rues.

« Nous travaillons à tarifier la pollution, à éliminer le charbon et à garder nos océans et communautés propres afin de vous offrir un avenir meilleur. Vous nous inspirez à aller jusqu'au bout », a-t-il écrit sur Twitter.

De semblables manifestations ont eu lieu vendredi dans d'autres villes canadiennes comme Moncton, Winnipeg, Toronto, Regina et Vancouver, et dans de nombreux pays de par le monde.

Les jeunes Québécois ont ainsi répondu vendredi à l'appel mondial lancé par la jeune militante suédoise Greta Thunberg qui a lancé le bal en séchant ses cours pour manifester à répétition devant le parlement de son pays.