Réduire ses émissions de CO2 ou les «compenser» pour lutter contre le réchauffement climatique, manger moins de viande, faire du vélo... si les négociations internationales patinent, les comportements vertueux pour la planète gagnent du terrain.

Globalement, les émissions de gaz à effet de serre (GES) du monde industrialisé continuent d'augmenter, s'inquiète l'Onu qui tient début décembre sa conférence sur le climat à Poznan (Pologne).

Or, ces émissions devraient cesser de croître dans les 15 ans puis plonger radicalement, pour contenir la hausse de température en deça de 2 à 3 degrés en 2100.

Les industriels européens tenus de respecter des quotas d'émission assument leur part des efforts.

Mais chaque citoyen de la planète peut contribuer volontairement à la lutte contre le dérèglement climatique.

S'il n'est pas possible d'effacer les émissions de GES une fois envoyées dans l'atmosphère, on peut toujours les contrebalancer en finançant des projets bénéfiques pour le climat.

Des institutions, des administrations, des conférences internationales, la Coupe du monde de rugby ou de football, ont déjà choisi de compenser leur pollution.

Selon Ecosystem Marketplace, le volume d'émissions de GES volontairement compensé a atteint 42,1 millions de tonnes d'équivalent CO2 en 2007 (14,3 Mt en 2006) et pourrait atteindre 1.400 Mt par an d'ici 2020 pour l'ensemble de la planète, soit près de trois fois les émissions de la France.

Mais la compensation peut être «un marché de dupes», avertit une étude publiée dans la revue «Futuribles».

Les estimations des quantités de CO2 générées par une activité polluante et celles susceptibles d'être évitées grâce à de futurs projets sont «contestables», estime son auteur, Augustin Fragnière, de l'université de Lausanne (Suisse).

Pour un Paris-New York en avion, les évaluations de CO2 émis peuvent varier du simple au triple entre différentes compagnies aériennes.

Et il n'est pas toujours certain qu'un projet financé par des fonds de compensation n'aurait pas de toute façon été réalisé. De même, il est difficile de quantifier l'impact réel des projets de reboisement sur le climat.

Compenser ses émissions permet de se donner bonne conscience mais repousse au lendemain les économies de CO2 et n'incite pas à changer de comportement.

Les consommateurs peuvent réduire leurs émissions en faisant des choix «éco-responsables». Par exemple, opter pour les transports en commun ou le vélo en ville, renoncer à prendre l'avion pour suivre une réunion en visioconférence.

En France, les sociétés de transport en commun (SNCF, RATP) proposent sur internet des «éco-comparateurs» permettant à chacun de calculer l'impact de son trajet.

De grandes enseignes de distribution présentent un «étiquetage vert» des produits alimentaires faisant ressortir leurs émissions de CO2.

L'appétit pour la viande, qui gagne les populations à mesure que leur qualité de vie s'améliore, pèse sur le climat : produire des steaks coûte cher en énergie (transport, conditionnement, réfrigération) et donc en CO2, et mobilise d'importantes surfaces agricoles. Sans parler du méthane émis par les ruminants.

La quantité de viande consommée par habitant et par an dans le monde a pratiquement triplé en un siècle. Manger moins de viande épargnerait le climat, tout en préservant la santé, selon les experts.

Un rapport australien suggère même de remplacer la viande de boeuf et de mouton par du... kangourou.

Les flatulences des marsupiaux n'émettent en effet que très peu de méthane alors que le bétail émet 67% des gaz à effet de serre en Australie.