La réaffectation à la consommation humaine des céréales utilisées pour nourrir les animaux et le recyclage des déchets alimentaires en nourriture animale, pourraient alimenter les 3 milliards d'habitants supplémentaires prévus d'ici 2050, assure l'ONU.

«Seuls 43% des céréales produites dans le monde sont disponibles pour la consommation humaine, du fait des pertes pendant et après la récolte et de l'utilisation pour la nourriture animale», relève le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) dans un rapport sur la crise alimentaire publié mardi lors d'une réunion de son conseil d'administration à Nairobi.

«Plus d'un tiers des céréales dans le monde sont utilisés pour la nourriture animale, un chiffre qui devrait atteindre 50% d'ici 2050», selon l'ONU.

«Plus de la moitié de la nourriture produite dans le monde aujourd'hui est soit perdue, gaspillée, ou jetée à cause d'insuffisances dans la gestion de la chaîne alimentaire», relève le directeur du PNUE, Achim Steiner.

Le PNUE estime que «grâce à de nouvelles technologies, les déchets émanant de la chaîne alimentaire humaine pourraient être utilisés comme substituts aux céréales utilisées comme nourriture pour animaux».

«La quantité de céréales qui sera rendue disponible grâce à ces alternatives pourrait nourrir l'ensemble des 3 milliards de personnes supplémentaires attendues d'ici 2050» sur la planète, explique le rapport.

Selon le rapport, «le recyclage des déchets alimentaires et la mise en place de nouvelles technologies, comme produire du sucre à partir de déchets de paille ou de restes de noix, seraient une initiative favorable à l'environnement qui permettrait d'augmenter les quantités de céréales disponibles pour le bétail».

Le PNUE suggère aussi de «réaffecter à la consommation humaine le poisson actuellement utilisé pour nourrir les poissons dans l'aquaculture, quand cela est possible», relevant que 30 millions de tonnes de poissons sont rejetées à la mer chaque année.

L'ensemble de ces mesures pourraient augmenter de 30 à 50% la capacité énergétique alimentaire mondiale, selon l'ONU.

«Si une gestion plus durable et intelligente de la production et de la consommation (de nourriture) n'est pas mise en place, les prix alimentaires pourraient encore augmenter de 30 à 50% et être plus volatiles», prévient le rapport.

«Jusqu'à 25% de la production de nourriture mondiale pourrait être perdue d'ici 2050 à cause du changement climatique, des pénuries en eau, de l'invasion d'animaux nuisibles aux cultures et de la dégradation des terres», selon l'ONU.

L'agence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime qu'en 2008 le nombre de personnes souffrant de la faim a augmenté de 40 millions pour atteindre 973 millions.