L'humanité peut s'adapter au réchauffement climatique et il n'y a pas de raison de céder à la panique: telle est la thèse de Cool it, un documentaire sur le climatologue danois controversé Bjoern Lomborg, qui sort vendredi en salles aux États-Unis.

Peindre les villes en blanc pour réfléchir la lumière du soleil et donc réduire la température au sol, capter l'énergie des vagues de l'océan, obtenir des carburants à base d'algues et même refroidir artificiellement la planète en produisant des nuages dans l'atmosphère: le film détaille quelques pistes.

«Tout le débat sur le climat a été pollué par le fait que seules deux positions sont acceptables: ou bien vous êtes un négationniste du réchauffement climatique, ou bien vous êtes Al Gore et la fin du monde approche. Le problème est qu'aucune de ces deux positions n'est juste», assure M. Lomborg.

«Il n'y a pas là de juste milieu, et nous en avons cruellement besoin», dit celui qui est parfois décrit comme l'enfant terrible du climat, dans un entretien à l'AFP.

Réponse revendiquée au documentaire de l'ex-vice-président américain Une vérité qui dérange, Cool it (en anglais, «refroidis-le» ou «du calme!») soutient que les conséquences du changement climatique seront limitées et que le monde peut les parer dans un premier temps, tout en investissant massivement dans la science pour trouver les solutions à plus long terme.

«Ce film est un prolongement de celui d'Al Gore. Son film nous a tous rendus conscients du changement climatique, mais il l'a fait en créant la panique, et nous devons dépasser ce stade. La panique n'est pas un bon état d'esprit si vous voulez prendre les bonnes décisions», dit Lomborg qui dirige un think tank à Copenhague.

Sa cible principale: la stratégie actuelle de réductions des émissions de CO2.

Le coût total du protocole de Kyoto, selon Lomborg, s'élèverait à 180 milliards de dollars par an. Quant au plan de l'Union européenne de réduire de 20% ses émissions de CO2 d'ici 2020, il réduirait le PIB européen de 250 milliards de dollars par an, près de cinq fois plus que le coût prévu par Bruxelles.

Or les deux projets n'entraîneraient selon le Danois qu'une réduction des températures de 0,08 et 0,1 degré Farenheit (environ 0,05 degré Celsius) d'ici 2100. L'objectif officiel annoncé par l'ONU est de limiter la hausse des températures à 2°C au cours du XXIe siècle.

Mieux vaut consacrer l'argent à des investissements massifs (100 milliards de dollars par an) dans les nouvelles technologies vertes, et le reste à combattre les problèmes urgents des pays pauvres: le sida, le paludisme ou l'eau potable.

Devenu en 2001 la bête noire de nombreux experts qui l'accusaient de malhonnêteté intellectuelle pour son livre L'écologiste sceptique, Bjoern Lomborg, dynamique blond de 45 ans, estime que les alarmistes se trompent.

«Il y a beaucoup de gens bien intentionnés qui pensent qu'on a besoin de ''rendre un peu sexy'' le message pour mieux le diffuser», critique le Danois, dont le portrait occupe une longue place dans la première moitié du film.

«Cela n'a pas marché avec la guerre en Irak, et cela ne marchera pas pour trouver des solutions à long terme», dit-il.

Réalisé par la documentariste américaine Ondi Timoner, Cool it s'appuie sur le témoignage de plusieurs scientifiques réputés dont le physicien Freeman Dyson de l'Université de Princeton.

Le long-métrage, présenté à plusieurs festivals dont celui de Toronto, devrait sortir en Europe après son lancement aux États-Unis.