Le ministre fédéral de l'Environnement Peter Kent a affirmé qu'un rapport paru hier prévoyant que les changements climatiques coûteraient cher au Canada ne fait que confirmer que le gouvernement est sur la bonne voie en aidant les Canadiens à s'adapter au futur climat.

«Le rapport d'aujourd'hui reflète ce que notre gouvernement a reconnu depuis longtemps, c'est-à-dire l'importance de l'adaptation aux changements climatiques», a dit M. Kent aux Communes, en réponse à une question de la députée néo-démocrate de Rivière-des-Mille-Îles, Laurin Liu.

Hier, dans une première étude, la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie (TRNEE) a conclu que les inondations, vagues de chaleur, incendies de forêt et autres calamités associées au futur climat coûteront cher au Canada.

«Les coûts du changement climatique pour le Canada pourraient passer d'environ 5 milliards par année en 2020 dans moins de 10 ans à une somme comprise entre 21 et 43 milliards par année dans les années 2050», affirme TRNEE.

Cet organisme a été mis sur pied en 1988 pour «aider à concilier les impératifs concurrents de l'économie et de l'environnement». Son rôle consultatif auprès du gouvernement a été officialisé dans une loi en 1994.

Une facture inévitable

Les coûts vont surgir même si l'humanité réussit dans sa lutte contre les changements climatiques. «Même si nous réussissons à restreindre le réchauffement à la limite de 2°C fixée par l'Accord de Copenhague, notre analyse montre que le changement climatique resterait coûteux pour le Canada: le coût moyen d'une hausse de 1,7°C à 1,8°C de la température mondiale moyenne est estimé à entre 21 milliards et 43 milliards par année au Canada en 2050, si nous ne prenons aucune mesure pour nous adapter à ces effets et tenter de les réduire.»

La TREE ne se penche pas en détail sur les «coûts du changement climatique catastrophique» dont les effets iraient «bien au-delà de l'expérience collective de l'humanité». Selon les scientifiques, ces changements surviendront si le climat se réchauffe au-delà de 2 degrés. «Si une catastrophe survient, on prévoit que la perte pourrait alors atteindre entre 5% et 25% du PIB», affirme la TRNEE.

Vers le scénario catastrophe

Pour l'instant, en l'absence d'un accord mondial contraignant pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et en regard des tendances de consommation de pétrole et de charbon, c'est vers le scénario catastrophe que l'humanité se dirige.

La TRNEE plaide pour que le Canada s'adapte aux changements climatiques mais aussi pour «réduire les émissions à l'échelle mondiale» afin de limiter les coûts.

«Dans un avenir de changement climatique modéré, (les coûts) seront moins élevés qu'ils ne le seraient dans un scénario de changement climatique majeur» affirme-t-on.

En entrevue à La Presse, la porte-parole du NPD en matière d'environnement, Megan Leslie, a trouvé ce rapport «fascinant et effrayant».

«Les conservateurs sont en train de couper dans les budgets d'Environnement Canada, mais ce rapport nous montre le prix de l'inaction. Les changements climatiques sont le plus gros problème auquel nous faisons face aujourd'hui mais nous avons un gouvernement qui continue de subventionner l'industrie pétrolière. Alors que l'industrie des énergies vertes ramasse les miettes. Ce n'est pas que nous n'en faisons pas assez, mais nous regardons carrément dans la mauvaise direction.»