Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé mardi que «l'avenir de la planète» était «en jeu» à l'ouverture de la session ministérielle des négociations de Durban, en Afrique du Sud, pour tenter d'enrayer le réchauffement climatique en cours.

«Sans exagération, nous pouvons dire: l'avenir de notre planète est en jeu», a déclaré M. Ban devant les délégués de plus de 190 pays à ces négociations qui doivent s'achever vendredi.

Soulignant la «gravité du moment», M. Ban a mis en garde contre le danger que représenterait un monde dans lequel le changement climatique serait «hors de contrôle».

Commentant les négociations en cours à Durban, il a reconnu qu'il ne fallait pas attendre de percées spectaculaires.

«Nous devons être réalistes sur les attentes concernant une éventuelle percée à Durban», a-t-il déclaré, mettant en avant la crise économique, mais aussi des «stratégies divergentes» pour répondre au défi du changement climatique.

«Je vous demande de considérer avec attention une deuxième période d'engagement du protocole de Kyoto», a-t-il ajouté, provoquant une vague d'applaudissements nourris.

«Si Kyoto tout seul ne résoudra pas le problème du climat, il constitue une fondation sur laquelle bâtir», a-t-il ajouté.

Seul outil juridique contraignant qui limite les émissions de gaz à effet de serre, à l'origine du réchauffement de la planète, le protocole de Kyoto, est entré en vigueur en février 2005.

Il impose aux 36 pays industrialisés qui l'ont ratifié et à l'Union européenne (les États-Unis ne l'ont pas ratifié) des réductions d'émissions des principales substances responsables du réchauffement de l'atmosphère.

La signature d'une éventuelle deuxième période d'engagement après 2012 est l'enjeu principal de la réunion de Durban.

Les pays en développement tiennent fortement à une nouvelle période au nom, notamment, de la responsabilité «historique» des pays industrialisés dans l'accumulation de CO2 dans l'atmosphère.

Le Canada, le Japon et la Russie ne sont pas favorables à de nouveaux engagements. Seule l'Union européenne s'est montrée ouverte à l'idée de s'engager pour une seconde période.

Vers 3,5°C de plus

Les promesses de réduction de gaz à effet de serre aujourd'hui sur la table placent la planète sur la trajectoire d'un réchauffement de +3,5°C, dépassant largement l'objectif de 2°C maximum, selon une étude présentée mardi à Durban.

Au rythme où augmentent les émissions de ces gaz, les gouvernements n'ont guère que quatre ans pour inverser la tendance et éviter ensuite des dépenses massives pour atteindre l'objectif des 2°C, cible adoptée par la communauté internationale en 2010, selon ce rapport présenté en marge de la conférence de l'ONU sur le climat.

Le monde est sur une «trajectoire à haut réchauffement, à hauts coûts, et à haut risque», résume le groupe de chercheurs ayant effectué cette étude pour deux sociétés de conseil spécialisées sur le carbone, Climate Analytics and Ecofys.

«Les promesses actuelles nous mettent sur une trajectoire d'émissions globales qui portera le réchauffement à 3,5°C», écrivent-ils dans cette étude présentée en marge de la conférence qui se tient jusqu'à vendredi à Durban, en Afrique du Sud.

L'objectif de contenir le réchauffement à 2°C par rapport à l'époque pré-industrielle, lancé à Copenhague fin 2009, a officiellement été entériné par la communauté internationale l'an passé à Cancún, au Mexique.

Il s'agit du niveau de réchauffement qui permettrait de limiter des conséquences trop sévères du changement climatique.

Depuis l'époque pré-industrielle, la température a déjà augmenté de 0,8°C.

Pour atteindre cet objectif de 2°C, une majorité des pays ont publié des promesses volontaires de réduction de gaz à effet de serre.

Selon le rapport, ces promesses mèneraient à des émissions globales de 55 milliards de tonnes de ces gaz en 2020. Soit 11 milliards de tonnes au-dessus des 44 milliards qui permettraient de mettre le monde sur une trajectoire de 2°C de réchauffement.

En conséquence, les coûts en efficacité énergétique et de la transition vers une énergie moins carbonée risquent d'augmenter fortement après 2020 pour rattraper le temps perdu et tenter de redresser la barre, soulignent les auteurs.

Ces chiffres vont dans le même sens que ceux publiés en novembre par l'Agence internationale de l'énergie et le Programme des Nations unies pour l'environnement.